Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/421

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M. Vincy usait souvent de ce procédé. À l’approbation irréfléchie et de bonne humeur du premier moment succédaient les réflexions plus sages, et il se servait alors des autres pour faire passer sa rétractation désagréable. Toutefois mistress Vincy, qui ne s’opposait jamais que malgré elle aux désirs de son mari, ne perdit pas de temps, le lendemain matin, à instruire Rosemonde de leur conversation. Rosemonde, en train d’examiner un ouvrage de mousseline, l’écouta en silence, et, quand ce fut fini, elle fit de son cou gracieux un certain mouvement de côté qui était chez elle, aux yeux d’un observateur expérimenté, le signe d’une parfaite obstination.

— Qu’en dites-vous, ma chérie ? demanda sa mère avec une déférence affectueuse.

— Papa ne pense sérieusement rien de tout cela, dit Rosemonde avec calme. Il a toujours dit qu’il souhaitait me voir épouser l’homme que j’aimerais. J’épouserai M. Lydgate. Voilà sept semaines maintenant que papa a donné son consentement. Et j’espère que nous pourrons habiter la maison de mistress Bretton.

— Eh bien, ma chère, c’est à vous de venir à bout de votre père ; vous faites toujours façon de tout le monde. Quant à la maison de mistress Bretton, je la trouve bien grande ; je serais sûrement très heureuse de vous y voir établie, mais elle nécessitera un mobilier considérable, tapis et tout ce qui s’ensuit, sans compter la vaisselle et les cristaux. Et vous savez maintenant que votre père est décidé à ne pas faire de dépenses pour cela. Croyez-vous que M. Lydgate s’y attende ?

— Vous pensez bien, maman, que je n’irais pas le lui demander. Il connaît évidemment ses affaires.

— Mais il comptait peut-être sur de l’argent, ma chère, et nous pensions que vous auriez un joli héritage, ainsi que Fred ; et, c’est si affreux maintenant, on n’a plus de plaisir