Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/434

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Son père continuait à garder le silence.

— Promettez-moi, papa, que vous consentirez à ce que nous désirons. Nous ne renoncerons jamais l’un à l’autre, et rappelez-vous que vous avez toujours été contraire aux longues fiançailles et aux mariages tardifs.

Quelques instants se passèrent encore à discuter ainsi jusqu’à ce que M. Vincy, ébranlé, dît enfin :

— Eh bien, en bien, mon enfant, j’attendrai qu’il m’écrive avant de lui donner ma réponse.

Et Rosemonde ne douta pas d’avoir gagné sa cause.

M. Vincy, dans sa réponse, se borna à peu près à demander que Lydgate contractât une assurance sur la vie, demande immédiatement accordée. C’était une mesure tout à fait rassurante, dans le cas où Lydgate viendrait à mourir ; mais, pour le présent, et en soi-même, ce n’était vraiment pas une ressource. Tout parut pourtant s’arranger d’une façon satisfaisante pour le mariage de Rosemonde, et les achats ordinaires se faisaient avec beaucoup d’ardeur, non pas cependant sans mainte délibération. Une fiancée qui se dispose à rendre visite à un baronnet ne peut se dispenser de quelques mouchoirs de haute élégance ; mais, en dehors de la demi-douzaine, tout à fait indispensable, Rosemonde se trouva satisfaite, sans aller jusqu’à la toute première qualité de guipure et de valenciennes. Lydgate, de son côté, trouvant que la somme de huit cents livres dont il disposait était bien ébréchée depuis son arrivée à Middlemarch, se priva de certain plat d’ancien style qu’on lui montra à l’établissement Kibble, de Brassing, où il avait fait emplette de couverts. Il était trop fier pour compter sur une avance de M. Vincy pour monter sa maison et, bien que certaines notes dussent rester à régler, puisqu’il n’était pas nécessaire de tout payer comptant, il ne perdit pas son temps en conjectures sur la dot que pourrait bien donner son beau-père.