Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/433

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— M. Lydgate n’est pas un pauvre diable, papa. Il a acheté la clientèle de M. Peacock qui rapporte, dit-on, huit à neuf cents livres par an.

— Sornettes que tout cela ! Qu’est-ce que c’est que d’acheter une clientèle ? Il pourrait aussi bien acheter les hirondelles du printemps prochain. Tout cela lui filera les doigts.

— Au contraire, papa, il augmentera sa clientèle. Vous voyez comme on l’a fait appeler chez les Chettam et chez les Casaubon.

— Qu’il sache bien au moins que je ne vous donnerai rien. Cette déception avec Fred, et le Parlement qui va être dissous, et ces machines qui cassent partout, et une élection qui approche…

— Cher papa, qu’est-ce que cela peut avoir à faire avec mon mariage ?

— Cela a beaucoup à faire avec votre mariage. Nous sommes tous exposés à nous trouver ruinés, avec ce qui se passe. Le pays est dans un état qui le ferait croire. Il y a des gens qui disent que c’est la fin du monde et je veux être pendu si je ne trouve pas que cela en ait l’air. Dans tous les cas, ce n’est pas le moment pour moi de retirer de l’argent de mes affaires, et je souhaiterais que Lydgate en fût averti.

— Je ne crois pas qu’il s’attende à rien, papa. Il a de si hautes relations qu’il est assuré de faire son chemin d’une manière ou d’une autre. Il est engagé dans la poursuite de découvertes scientifiques.

M. Vincy garda le silence.

— Je ne puis renoncer à ma seule espérance de bonheur, papa. M. Lydgate est un gentleman. Je ne pourrais jamais aimer personne qui ne fût un parfait gentleman. Vous ne désirez pas me voir tomber dans une maladie de langueur comme cela est arrive à Arabella Hawley. Et je ne change jamais de résolution, vous le savez.