Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/471

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peut voir pendre un gredin, mais qui ne s’inquiète pas si plus d’un honnête tenancier meurt de faim et de froid ; — un homme qui crie à la corruption et qui exige de ses fermiers une rente de la valeur du revenu ; — qui rugit comme un diable contre les bourgs pourris et qui se soucie peu que les champs de ses fermiers soient entourés de barrières pourries ; — un homme au cœur très large pour Leeds et Manchester, disposé à leur accorder autant de représentants au Parlement qu’il s’en trouvera pour payer leur siège de leur bourse ; – ce qu’il n’aime pas à donner, c’est une petite somme, les jours où on lui paye ses rentes, pour aider à acheter des provisions ; — ou une avance à un tenancier pour faire des réparations à une grange ou pour faire de sa maison autre chose qu’une chaumière irlandaise. Mais nous connaissons tous la définition que faisait un plaisant d’un philanthrope : Un homme dont la charité augmente en raison directe du carré de la distance. »

— Et ainsi de suite, conclut le recteur en déposant le journal et en se croisant les mains derrière la tête, tout en regardant M. Brooke avec un air indifférent et amusé à la fois.

— Allons, c’est assez bon, cela, dit M. Brooke, prenant le journal et s’efforçant de supporter le coup aussi gaiement que son voisin, mais en rougissant et en souriant d’un air un peu nerveux. Cette phrase de « rugir comme un diable contre les bourgs pourris », jamais de ma vie je n’ai fait un discours sur les bourgs pourris, et, quant à rugir comme un diable et tout ce qui suit… ces gens-là ne savent pas ce que c’est qu’une satire. La satire, vous savez, devrait être vraie jusqu’à un certain point. Je me rappelle qu’on a dit cela quelque part, dans la Revue d’Édimbourg… La satire doit être vraie jusqu’à un certain point… · — Eh bien, savez-vous que c’est une allusion, ce qu’ils disent des barrières, reprit sir James qui ne voulait s’avancer