Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/472

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qu’avec prudence. Dagley se plaignait à moi l’autre jour de ne pas avoir de clôtures convenables à sa ferme. Garth en a inventé un nouveau modèle, que je voudrais vous voir essayer. On devrait employer à ces choses-là un peu de son bois de construction.

— Vous donnez dans le fermage fantaisiste, vous, Chettam, vous savez. C’est votre dada et vous ne craignez pas la dépense.

— Je pensais que le dada le plus coûteux dans ce monde était de se présenter au Parlement, dit mistress Cadwallader. On raconte que le dernier candidat malheureux de Middlemarch a dépensé dix mille livres et a échoué pour n’avoir pas encore assez corrompu les électeurs. Quelle amère réflexion pour un homme !

— Oui, les tories corrompent, eux !… dit M. Brooke. Hawley et son parti corrompent avec des banquets, des pommes cuites, etc. ; et ils amènent les électeurs ivres pour voter ; mais ils ne mèneront pas les affaires dans l’avenir, vous savez… Middlemarch est un peu arriéré, j’en conviens. Les fermiers libres sont un peu arriérés mais non les institutions. Nous les ferons marcher, vous savez. Nous avons dans notre parti les meilleures têtes de l’endroit.

— Hawley dit que vous avez dans votre parti des hommes qui vous nuiront, remarqua sir James. Il dit que Bulstrode le banquier vous nuira.

— Et que, si vous êtes lapidé, intervint mistress Cadwallader, la moitié des œufs pourris viendront de la haine qu’on a pour votre homme des comités religieux. Grand Dieu ! réfléchissez à ce que cela doit être, que de se voir lapidé pour des opinions erronées. Je me souviens d’un homme qu’on a voulu porter en triomphe dans un fauteuil, afin de le laisser tomber tout exprès dans un tas de boue.

— La lapidation n’est rien en comparaison de leur habileté à découvrir les trous de nos habits, là où le talon nous