Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/473

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blesse, dit le recteur. J’avoue que c’est ce qui m’effrayerait, si nous avions aussi à nous présenter aux électeurs pour les promotions, nous autres pasteurs. J’aurais peur de les voir compter toutes les journées que je passe à la pêche. Par ma foi, je crois que la vérité est le plus terrible projectile avec lequel on puisse nous lapider.

— Le fait est, dit sir James, qu’un homme qui entre dans la vie publique doit être préparé à en subir les conséquences. Il faut qu’il ne donne pas prise à la calomnie.

— Mon cher Chettam, tout cela est bel est bien, vous savez, dit M. Brooke. Mais comment faire pour ne pas donner prise à la calomnie ? Lisez l’histoire, voyez l’ostracisme, la persécution, le martyre et tout ce genre de choses-là. Les hommes les meilleurs en sont les victimes. Voyez dans Horace ? — Fiat justitia, ruat

— Justement, dit sir James avec un peu plus de chaleur que de coutume. Ce que j’entends par ne pas donner prise à la calomnie, c’est être à même de contredire le fait sur lequel on vous attaque.

— Eh bien, vous savez, Chettam, dit M. Brooke en se levant et prenant son chapeau, vous et moi, nous avons un système différent. Vous êtes disposé à faire des dépenses pour vos fermes. Je ne prétends pas prouver que mon système soit bon en toutes circonstances, — en toutes circonstances, vous savez…

— Il faudrait, de temps à autre, faire une nouvelle évaluation des propriétés, dit sir James. Qu’en dites-vous, Cadwallader ?

— Je suis d’accord avec vous. Si j’étais Brooke, je ferais taire la Trompette en demandant à Garth de faire une nouvelle estimation des fermes et en lui donnant carte blanche pour les clôtures et les réparations. C’est ainsi que j’envisage la situation politique, dit le recteur dilatant sa poi-