Page:Eliot - Middlemarch, volume 1.djvu/88

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répondit mistress Cadwallader en levant les sourcils. J’ai fait ce que j’ai pu, je m’en lave les mains, de ce mariage !

— Premièrement, répliqua le recteur d’un air grave, il serait déraisonnable de s’attendre à ce que je puisse convaincre Brooke, et ensuite le faire agir en conséquence. Brooke est un excellent homme, mais il est mou ; il entrera dans n’importe quel moule, mais sans jamais en garder l’empreinte. Et puis, mon cher Chettam, pourquoi, je vous prie, userais-je de mon influence au préjudice de Casaubon, à moins d’être beaucoup plus sûr que je ne le suis d’agir dans l’intérêt de miss Brooke ! Je ne sais rien de défavorable à Casaubon. Je ne m’inquiète pas de ses Xisuthrus, Fee-fo-fum, etc. ; et il ne s’occupe pas davantage de mes engins de pêche. Il a toujours été poli avec moi et je ne vois pas pourquoi j’irais gâter son jeu. Et pour revenir à miss Brooke, elle pourra être aussi heureuse avec lui qu’avec tout autre homme !

— Humphrey ! vous me faites perdre patience ! Vous savez bien que vous aimeriez mieux dîner sous la haie qu’en tête à tête avec Casaubon. Vous n’avez jamais rien à vous dire.

— Cela n’a rien à faire avec le mariage de miss Brooke. Ce n’est pas pour mon plaisir qu’elle l’épouse.

— Il n’a pas une goutte de bon sang dans tout le corps, dit sir James.

— Certainement pas. On en a mis une goutte sous un verre grossissant et on n’y a trouvé que des virgules et des parenthèses, ajouta mistress Cadwallader.

— Que ne fait-il paraître son livre au lieu de se marier ? dit sir James rempli de dégoût.

— Il ne rêve que d’annotations et sa cervelle se brouille dans tout cela. On dit que, tout petit garçon, il fit une analyse de Saute sur mon pouce ! Et, depuis, il a toujours fait