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VIERGES EN FLEUR

côte surtout, ils ont la sauvagerie altière et glorieuse.

Ils ne s’abaissent pas aux durs labeurs serviles ; ils ne cultivent pas la terre, besogne de manants. Ils sont marins, pêcheurs ; ils sont contrebandiers, seraient voleurs, pirates, plutôt que de s’enfermer en des boutiques pour débiter des épiceries ou des merceries.

Ils méprisent la terre ; ils adorent la mer, la mer qui les fait vivre maigrement, la mer qui dans ses rages les prend et les dévore. Ils l’aiment comme une amante, qu’elle leur soit clémente, qu’elle leur soit hostile.

Bientôt, le bruit et la joie reprirent. Après un effarement, les Bretons témoignèrent aux curieux tout leur dédain, en affectant de ne pas les voir et de ne se soucier en aucune sorte de leur présence.

M. Houdet, voulant connaître le programme de la fête, adressa la parole à un jeune garçon, qui ne répondit pas et lentement s’écarta.

La lande défrichée, les laboureurs poussèrent des cris de triomphe et vinrent s’abreuver au tonneau de cidre qu’on avait roulé sur la grève.

Alors, les jeunes gens, dépouillant leurs vestes, allèrent au loin s’aligner pour la course.

Les jeunes filles, placées au but, tenaient à