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VIERGES EN FLEUR

saurait la découverte de ces peintures, amateurs et marchands accourraient pour se les disputer.

Puis, Philbert admira une armoire monumentale de pur style gothique, ouvrit une serrure, aperçut des flacons et des fioles étranges, eut la curiosité de les examiner, lut sur les étiquettes ces noms : haschich, morphine, opium, dawamesk, kief, éther ; toute la pharmacie de la folie et du détraquement, le rêve et la chimère en bouteilles ; la clef des paradis imaginaires ; les ailes irréelles pour l’envol aux pays bleus.

Michelle, Yvonne, Jeanne, sevrées de toutes joies et altérées d’amour, sans doute s’acharnaient, grâce aux drogues maudites, à s’abreuver de rêve. Puis, se rémémorant les souvenirs magiques de son bain de luxure dans les ténèbres du souterrain, Philbert acquit la conviction qu’il avait été simplement affolé par des émanations de pareilles substances, et qu’il avait vécu quelques heures en pleine folie. Pourtant il conservait la sensation vive des chairs palpitantes ; ses mains gardaient l’empreinte des gorges caressées, des croupes enserrées ; et sa bouche était chaude encore des baisers.

Il continua sa fouille dans l’armoire gothique.

Il ouvrit un coffret et trouva des gravures très anciennes, d’un érotisme exaspéré et fou, évoquant des luxures inouïes, des orgies olympiales,