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VIERGES EN FLEUR

des ébats de satyres et de nymphes lascives dont la chair immortelle ne s’assouvissait pas : Danaé se pâmant sous la pluie amoureuse, et s’ouvrant tout entière aux baisers du grand Zeus. Léda sortant du bain et se jetant sur l’herbe pour recevoir l’amour du souverain des dieux. Puis c’étaient les mystères galants, les débauches royales du siècle de Louis XV, les boudoirs, les alcôves, les bosquets et les parcs, peuplés de chairs roses et grasses, de chairs qui tressaillaient…

Ces images grisaient comme un vin où la main d’une sorcière a jeté quelque poudre de cantharides. Philbert les rejeta dans le coffre, troublé, énervé, se sentant la tête à l’envers, les jambes chancelantes et le corps embrasé.

Son excitation calmée, il pensa :

— Les demoiselles de Kerbiquet sont des proies toutes prêtes. Et mon désir, ici, sera vite exaucé ! Ah ! pauvres vierges folles, victimes de l’erreur maudite de ce siècle qui cloître d’aussi remarquables amantes dans l’isolement et la chasteté. Ces trois sœurs sont jolies, et créées pour semer du plaisir, du bonheur ; leurs corps miraculeux enchanteraient les hommes : et leur bouche soupire, entr’ouverte au baiser. Mais l’absurde et stupide loi du monde amoncelle ses interdictions, ses barrières, ses obstacles ; l’uni-