Page:Emile Littre - Etudes et glanures - Didier, 1880.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PRÉFACE

Extremum hunc, Arethusa, mihi concede laborem[1]. L’Aréthuse est ici pour moi la maladie qui depuis bien des mois afflige mes journées et tourmente mes nuits. Déesse rigoureuse, pourtant elle me laisse l’usage de mon esprit ; et, en dépit de l’adage dont je reconnais toute la justesse : mens sana in corpore sano, quoique le corps soit bien peu sain, il me semble que l’esprit l’est toujours, autant du moins qu’il peut l’être quand on est incessamment préoccupé par la souffrance et qu’on n’a plus avec les choses extérieures le courant des relations nécessaires. L’office intellectuel demeurant, dans cette mesure, intact, je fais ce que j’ai toujours fait, je travaille, c’est-à-dire que, mettant à contribution les ressources de ma mémoire, de mes livres et de mon expérience, je m’efforce de donner la meilleure forme que je puis à des idées qui me semblent n’être pas sans quelque utilité pour moi qui les élabore et pour d’autres qui en auront

  1. Virg., Bucol. Écl. X.