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Page:Emile Zola - La Conquête de Plassans.djvu/212

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XV


Un vendredi, madame Paloque, qui entrait à Saint-Saturnin, fut toute surprise d’apercevoir Marthe agenouillée devant la chapelle Saint-Michel. L’abbé Faujas confessait.

— Tiens ! pensa-t-elle, est-ce qu’elle aurait fini par toucher le cœur de l’abbé ? Il faut que je reste. Si madame de Condamin venait, ce serait drôle.

Elle prit une chaise, un peu en arrière, s’agenouillant à demi, la face entre les mains, comme abîmée dans une prière ardente ; elle écarta les doigts, elle regarda. L’église était très-sombre. Marthe, la tête tombée sur son livre de messe, semblait dormir ; elle faisait une masse noire contre la blancheur d’un pilier ; et, de tout son être, ses épaules seules vivaient, soulevées par de gros soupirs. Elle était si profondément abattue, qu’elle laissait passer son tour, à chaque nouvelle pénitente que l’abbé Faujas expédiait. L’abbé attendait une minute, s’impatientait, frappait de petits coups secs contre le bois du confessionnal. Alors, une des femmes qui se trouvaient là, voyant que Marthe ne bougeait pas, se décidait à prendre sa place. La chapelle se vidait, Marthe restait immobile et pâmée.