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LES ROUGON-MACQUART.

est ami, maintenant. Paloque attend la croix. Moi, je trouve tout bien.

M. Delangre n’arriva que très-tard. On lui fit une véritable ovation. Madame de Condamin venait d’apprendre au docteur Porquier que son fils Guillaume était nommé commis principal à la poste. Elle distribuait de bonnes nouvelles, disait que l’abbé Bourrette serait grand vicaire de monseigneur, l’année suivante, donnait un évêché à l’abbé Surin, avant quarante ans, annonçait la croix pour M. Maffre.

— Ce pauvre Bourdeu ! dit M. Rastoil avec un dernier regret.

— Eh ! il n’est pas à plaindre, s’écria-t-elle gaiement. Je me charge de le consoler. La Chambre n’était pas son affaire. Il lui faut une préfecture… Dites-lui qu’on finira par lui trouver une préfecture.

Les rires montèrent. L’humeur aimable de la belle Octavie, le soin qu’elle mettait à contenter tout le monde, enchantaient la société. Elle faisait réellement les honneurs de la sous-préfecture. Elle régnait. Et ce fut elle qui, tout en plaisantant, donna à M. Delangre les conseils les plus pratiques sur la place qu’il devait occuper au Corps législatif. Elle le prit à part, lui offrit de l’introduire chez des personnages considérables, ce qu’il accepta avec reconnaissance. Vers onze heures, M. de Condamin parla d’illuminer le jardin. Mais elle calma l’enthousiasme de ces messieurs, en disant que ce ne serait pas convenable, qu’il ne fallait pas avoir l’air de se moquer de la ville.

— Et l’abbé Fenil ? demanda-t-elle brusquement à l’abbé Faujas, en le menant dans une embrasure de fenêtre. Je songe à lui, maintenant… Il n’a donc pas bougé ?

— L’abbé Fenil est un homme de sens, répondit le prêtre avec un mince sourire. On lui a fait comprendre qu’il aurait tort de s’occuper de politique désormais.

L’abbé Faujas, au milieu de cette joie triomphante, restait