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VI


Le lendemain soir, vers neuf heures, l’abbé Bourrette vint prendre l’abbé Faujas ; il lui avait promis d’être son introducteur, de le présenter dans le salon des Rougon. Comme il le trouva prêt, debout au milieu de sa grande chambre nue, mettant des gants noirs blanchis au bout de chaque doigt, il le regarda avec une légère grimace.

— Est-ce que vous n’avez pas une autre soutane ? demanda-t-il.

— Non, répondit tranquillement l’abbé Faujas ; celle-ci est encore convenable, je crois.

— Sans doute, sans doute, balbutia le vieux prêtre. Il fait un froid très vif. Vous ne mettez rien sur vos épaules ?… Alors partons.

On était aux premières gelées. L’abbé Bourrette, chaudement enveloppé dans une douillette de soie, s’essouffla à suivre l’abbé Faujas, qui n’avait sur les épaules que sa mince soutane usée. Ils s’arrêtèrent au coin de la place de la Sous-Préfecture et de la rue de la Banne, devant une maison toute de pierres blanches, une des belles bâtisses