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LES ROUGON-MACQUART

blait que le Paris flamboyant des nuits d’hiver s’illuminait pour elle, lui préparait la jouissance inconnue que rêvait son assouvissement.

La calèche prit l’avenue de la Reine-Hortense, et vint s’arrêter au bout de la rue Monceaux, à quelques pas du boulevard Malesherbes, devant un grand hôtel situé entre cour et jardin. Les deux grilles chargées d’ornements dorés, qui s’ouvraient sur la cour, étaient chacune flanquées d’une paire de lanternes, en forme d’urnes également couvertes de dorures, et dans lesquelles flambaient de larges flammes de gaz. Entre les deux grilles, le concierge habitait un élégant pavillon, qui rappelait vaguement un petit temple grec.

Comme la voiture allait entrer dans la cour, Maxime sauta lestement à terre.

— Tu sais, lui dit Renée, en le retenant par la main, nous nous mettons à table à sept heures et demie. Tu as plus d’une heure pour aller t’habiller. Ne te fais pas attendre.

Et elle ajouta avec un sourire :

— Nous aurons les Mareuil… Ton père désire que tu sois très galant avec Louise.

Maxime haussa les épaules.

— En voilà une corvée ! murmura-t-il d’une voix maussade. Je veux bien épouser, mais faire sa cour, c’est trop bête… Ah ! que tu serais gentille, Renée, si tu me délivrais de Louise, ce soir.

Il prit son air drôle, la grimace et l’accent qu’il empruntait à Lassouche, chaque fois qu’il allait débiter une de ses plaisanteries habituelles :

— Veux-tu, belle-maman chérie ?

Renée lui secoua la main comme à un camarade. Et