Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/173

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naires. Le soleil y blanchissait les vieilles dalles, l’immense horizon se déroulait sous le ciel éclatant.

Et, un matin que Clotilde avait couru, elle rentra très animée, toute vibrante de rires, si gaiement étourdie, qu’elle monta dans la salle, sans avoir ôté son chapeau de jardin, ni la dentelle légère qu’elle avait nouée à son cou.

— Ah ! dit-elle, j’ai chaud !… Et suis-je sotte de ne m’être pas débarrassée en bas ! Je vais redescendre ça tout à l’heure.

Elle avait, en entrant, jeté la dentelle sur un fauteuil. Mais ses mains s’impatientaient, à vouloir défaire les brides du grand chapeau de paille.

— Allons, bon ! voilà que j’ai serré le nœud. Je ne m’en sortirai pas, il faut que tu viennes à mon secours.

Pascal, excité lui aussi par la bonne promenade, s’égayait, en la voyant si belle et si heureuse. Il s’approcha, dut se mettre tout contre elle.

— Attends, lève le menton… Oh ! tu remues toujours, comment veux-tu que je m’y reconnaisse ?

Elle riait plus haut, il voyait le rire qui lui gonflait la gorge d’une onde sonore. Ses doigts s’emmêlaient sous le menton, à cette partie délicieuse du cou, dont il touchait involontairement le tiède satin. Elle avait une robe très échancrée, il la respirait toute par cette ouverture, d’où montait le bouquet vivant de la femme, l’odeur pure de sa jeunesse, chauffée au grand soleil. Tout d’un coup, il eut un éblouissement, il crut défaillir.

— Non, non ! je ne puis pas, si tu ne restes pas tranquille !

Un flot de sang lui battait les tempes, ses doigts s’égaraient, tandis qu’elle se renversait davantage, offrant la tentation de sa virginité, sans le savoir. C’était l’appari-