Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/218

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Ce n’est plus, sur sa bouche, qu’un frémissement d’acte de foi, un soupir d’abandon aux forces supérieures. Elle-même ne raisonnait plus, se donnait aussi.

— Maître, je ne veux rien en dehors de ta volonté, prends-moi et fais-moi tienne, que je disparaisse et que je renaisse, mêlée à toi !

Ils s’appartinrent. Puis, il y eut des chuchotements encore, une vie d’idylle projetée, une existence de calme et de vigueur, à la campagne. C’était à cette simple prescription d’un milieu réconfortant qu’aboutissait l’expérience du médecin. Il maudissait les villes. On ne pouvait se bien porter et être heureux que par les plaines vastes, sous le grand soleil, à la condition de renoncer à l’argent, à l’ambition, même aux excès orgueilleux des travaux intellectuels. Ne rien faire que de vivre et d’aimer, de piocher sa terre et d’avoir de beaux enfants.

— Ah ! reprit-il doucement, l’enfant, l’enfant de nous qui viendrait un jour…

Et il n’acheva pas, dans l’émotion dont l’idée de cette paternité tardive le bouleversait. Il évitait d’en parler, il détournait la tête, les yeux humides, lorsque, pendant leurs promenades, quelque fillette ou quelque gamin leur souriait.

Elle, simplement, avec une certitude tranquille, dit alors :

— Mais il viendra !

C’était, pour elle, la conséquence naturelle et indispensable de l’acte. Au bout de chacun de ses baisers, se trouvait la pensée de l’enfant ; car tout amour qui n’avait pas l’enfant pour but, lui semblait inutile et vilain.

Même, il y avait là une des causes qui la désintéressaient des romans. Elle n’était pas, comme sa mère, une grande liseuse ; l’envolée de son imagination lui suffisait ; et, tout de suite, elle s’ennuyait aux histoires inventées. Mais,