Page:Emile Zola - Le Docteur Pascal.djvu/69

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Quand il eut reconnu les visiteurs, il ricana, il cria :

— En voilà de la belle société !… Vous êtes bien gentils, vous allez vous rafraîchir.

Mais la présence de Maxime l’intriguait. Qui était-il ? pour qui venait-il, celui-là ? On le lui nomma, et tout de suite il arrêta les explications qu’on ajoutait, en voulant l’aider à se retrouver, au milieu de l’écheveau compliqué de la parenté.

— Le père de Charles, je sais, je sais !… Le fils de mon neveu Saccard, pardi ! celui qui a fait un beau mariage et dont la femme est morte…

Il dévisageait Maxime, l’air tout heureux de le voir ridé déjà à trente-deux ans, les cheveux et la barbe semés de neige.

— Ah ! dame ! ajouta-t-il, nous vieillissons tous… Moi, encore, je n’ai pas trop à me plaindre, je suis solide.

Et il triomphait, d’aplomb sur les reins, la face comme bouillie et flambante, d’un rouge ardent de brasier. Depuis longtemps, l’eau-de-vie ordinaire lui semblait de l’eau pure ; seul, le trois-six chatouillait encore son gosier durci ; il en buvait de tels coups, qu’il en restait plein, la chair baignée, imbibée ainsi qu’une éponge. L’alcool suintait de sa peau. Au moindre souffle, quand il parlait, une vapeur d’alcool s’exhalait de sa bouche.

— Certes, oui ! vous êtes solide, l’oncle ! dit Pascal émerveillé. Et vous n’avez rien fait pour ça, vous avez bien raison de vous moquer de nous… Voyez-vous, je ne crains qu’une chose, c’est qu’un jour, en allumant votre pipe, vous ne vous allumiez vous-même, ainsi qu’un bol de punch.

Macquart, flatté, s’égaya bruyamment.

— Plaisante, plaisante, mon petit ! Un verre de cognac, ça vaut mieux que tes sales drogues… Et vous