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LES ROUGON-MACQUART.

avec l’élasticité puissante d’un ressort d’acier ; elle s’échappa, alla s’adosser au mur, en face des stalles. Il la suivit, les mains tendues, cherchant à prendre d’elle ce qu’il pouvait. Mais elle se faisait un bouclier de la traîne de son amazone, qu’elle portait sur son bras gauche, pendant que sa main droite, levée, tenait la cravache. Lui, les lèvres tremblantes, ne prononçait pas une parole. Elle, très à l’aise, causait toujours.

— Vous ne me toucherez pas, voyez-vous ! disait-elle. J’ai reçu des leçons d’escrime, quand j’étais jeune. Je regrette même de n’avoir pas continué… Prenez garde à vos doigts. Là, qu’est-ce que je vous disais !

Elle semblait jouer. Elle ne tapait pas fort, s’amusant seulement à lui cingler la peau, chaque fois qu’il hasardait ses mains en avant. Et elle était si prompte à la riposte, qu’il ne pouvait même plus arriver jusqu’à son vêtement. D’abord, il avait voulu lui prendre les épaules ; mais, atteint deux fois par la cravache, il s’était attaqué à la taille ; puis, touché encore, il venait traîtreusement de se baisser jusqu’à ses genoux, pas assez vite cependant pour éviter une pluie de petits coups, sous lesquels il dut se relever. C’était une grêle, à droite, à gauche, dont on entendait le léger claquement.

Rougon, criblé, la peau cuisante, recula un instant. Il était très-rouge maintenant, avec des gouttes de sueur qui commençaient à perler sur ses tempes. L’odeur forte de l’écurie le grisait ; l’ombre, chaude d’une buée animale, l’encourageait à tout risquer. Alors, le jeu changea. Il se jeta sur Clorinde rudement, par élans brusques. Et elle, sans cesser encore de rire et de causer, n’éparpilla plus les cinglements de cravache en tapes amicales, frappa des coups secs, un seul chaque fois, de plus en plus fort. Elle était belle ainsi, la jupe serrée aux jambes, les reins souples dans son corsage