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SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON.

collant, pareille à un serpent agile, d’un bleu noir. Quand elle fouettait l’air de son bras, la ligne de sa gorge, un peu renversée, avait un grand charme.

— Voyons, est-ce fini ? demanda-t-elle en riant. Vous vous lasserez le premier, mon cher.

Mais ce furent les derniers mots qu’elle prononça. Rougon, affolé, effrayant, la face pourpre, se ruait avec un souffle haletant de taureau échappé. Elle-même, heureuse de taper sur cet homme, avait dans les yeux une lueur de cruauté qui s’allumait. Muette à son tour, elle quitta le mur, elle s’avança superbement au milieu de l’écurie ; et elle tournait sur elle-même, multipliant les coups, le tenant à distance, l’atteignant aux jambes, aux bras, au ventre, aux épaules ; tandis que, stupide, énorme, il dansait, pareil à une bête sous le fouet d’un dompteur. Elle tapait de haut, comme grandie, fière, les joues pâles, gardant aux lèvres un sourire nerveux. Pourtant, sans qu’elle le remarquât, il la poussait au fond, vers une porte ouverte qui donnait sur une seconde pièce, où l’on serrait une provision de paille et de foin. Puis, comme elle défendait sa cravache, dont il faisait mine de vouloir s’emparer, il la saisit aux hanches, malgré les coups, et l’envoya rouler sur la paille, à travers la porte, d’un tel élan, qu’il y vint tomber à côté d’elle. Elle ne jeta pas un cri. À toute volée, de toutes ses forces, elle lui cravacha la figure, d’une oreille à l’autre.

— Garce ! cria-t-il.

Et il lâcha des mots orduriers, jurant, toussant, étranglant. Il la tutoya, il lui dit qu’elle avait couché avec tout le monde, avec le cocher, avec le banquier, avec Pozzo. Puis, il demanda :

— Pourquoi ne voulez-vous pas avec moi ?

Elle ne daigna pas répondre. Elle était debout, immo-