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LES ROUGON-MACQUART.

celui-ci rentra dans le salon, il s’excusa, en regardant Du Poizat fixement.

— Un brave garçon que vous connaissez, n’est-ce pas, Du Poizat ?… Il va me racoler des colons pour mon nouveau monde, là-bas, au fond des Landes… À propos, je vous emmène tous ; vous pouvez faire vos paquets. Kahn sera mon premier ministre. Delestang et sa femme auront le portefeuille des affaires étrangères. Béjuin se chargera des postes. Et je n’oublie pas les dames, madame Bouchard, qui tiendra le sceptre de la beauté, et madame Charbonnel, à laquelle je confierai les clefs de nos greniers.

Il plaisantait, tandis que les amis, mal à l’aise, se demandaient s’il ne les avait pas entendus, par quelque fente du mur. Lorsqu’il décora le colonel de tous ses ordres, celui-ci faillit se fâcher. Cependant, Clorinde regardait l’invitation à Compiègne, qu’elle avait prise sur la cheminée.

— Est-ce que vous irez ? dit-elle négligemment.

— Mais sans doute, répondit Rougon étonné. Je compte bien profiter de l’occasion pour me faire donner mon département par l’empereur.

Dix heures sonnaient. Madame Rougon reparut et servit le thé.