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VII


Vers sept heures, le soir de son arrivée à Compiègne, Clorinde causait avec M. de Plouguern, près d’une fenêtre de la galerie des Cartes. On attendait l’empereur et l’impératrice pour passer dans la salle à manger. La seconde série d’invités de la saison se trouvait au château depuis trois heures à peine ; et, tout le monde n’étant pas encore descendu, la jeune femme s’occupait à juger d’un mot chaque personne qui entrait. Les dames, décolletées, avec des fleurs dans les cheveux, souriaient dès le seuil d’un air doux ; les hommes restaient graves, en cravate blanche et en culotte courte, le mollet tendu sous le bas de soie.

— Ah ! voici le chevalier, murmura Clorinde. Il est très-bien, lui… Mais vois donc, parrain, M. Beulin-d’Orchère, si l’on ne dirait pas qu’il va aboyer ; et quelles jambes, bon Dieu !

M. de Plouguern ricanait, heureux de ces médisances. Le chevalier Rusconi vint saluer Clorinde, avec sa galanterie langoureuse de bel Italien ; puis, il fit le tour des dames, en se balançant, dans une suite de révérences rythmées, du plus tendre effet. À quelques pas, Delestang, très-sérieux, regardait les immenses cartes de la forêt de Compiègne, qui couvraient les murs de la galerie.

— Dans quel wagon es-tu donc monté ? reprit Clorinde.