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LES ROUGON-MACQUART.

— La pension de madame Jalaguier est portée à dix-huit cents francs. Madame Leturc a son bureau de tabac… Les fournitures de madame Chardon sont acceptées… Rien encore pour madame Testanière… Ah ! vous direz aussi que j’ai réussi pour mademoiselle Herminie Billecoq. J’ai parlé d’elle, des dames donneront la dot nécessaire à son mariage avec l’officier qui l’a séduite.

— Je remercie mille fois Son Excellence, dit Merle en s’inclinant.

Il sortait, lorsqu’une adorable tête blonde, coiffée d’un chapeau rose, parut à la porte.

— Puis-je entrer ? demanda une voix flûtée.

Et madame Bouchard, sans attendre la réponse, entra. Elle n’avait pas vu l’huissier dans l’antichambre, elle était allée droit devant elle. Rougon, qui l’appelait « ma chère enfant », la fit asseoir, après avoir gardé un instant entre les siennes ses petites mains gantées.

— Est-ce pour quelque chose de sérieux ? demanda-t-il.

— Oui, oui, très-sérieux, répondit-elle avec un sourire.

Alors, il recommanda à Merle de n’introduire personne. M. d’Escorailles, qui avait fini la toilette de ses ongles, était venu saluer madame Bouchard. Elle lui fit signe de se pencher, lui parla tout bas, vivement. Le jeune homme approuva de la tête. Et il alla prendre son chapeau, en disant à Rougon :

— Je vais déjeuner, je ne vois rien d’important… Il n’y a que cette place d’inspecteur. Il faudrait nommer quelqu’un.

Le ministre restait perplexe, secouait la tête.

— Oui, sans doute, il faut nommer quelqu’un… On m’a proposé déjà un tas de monde. Ça m’ennuie de nommer des gens que je ne connais pas.