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SON EXCELLENCE EUGÈNE ROUGON.

Elle dit cela d’une voix souveraine, sans un geste, campée sur la table, dans sa pose de déesse. Rougon, très-sérieux à son tour, recula d’un pas, la regarda lentement. Et elle était vraiment superbe, avec son profil pur, son cou délié, qu’une ligne tombante attachait à ses épaules. Elle avait surtout cette beauté royale, la beauté du buste. Ses bras ronds, ses jambes rondes, gardaient un luisant de marbre. Sa hanche gauche, légèrement avancée, la ployait un peu, la main droite en l’air, découvrant de l’aisselle au talon une longue ligne puissante et souple, creusée à la taille, renflée à la cuisse. Elle s’appuyait de l’autre main sur son arc, de l’air tranquillement fort de la chasseresse antique, insoucieuse de sa nudité, dédaigneuse de l’amour des hommes, froide, hautaine, immortelle.

— Très-joli, très-joli, murmura Rougon, ne sachant que dire.

La vérité était qu’il la trouvait gênante, avec son immobilité de statue. Elle semblait si victorieuse, si certaine d’être classiquement belle, que, s’il avait osé, il l’aurait critiquée comme un marbre dont certaines puissances blessaient ses yeux bourgeois ; il aurait préféré une taille plus mince, des hanches moins larges, une poitrine placée moins bas. Puis, une envie d’homme brutal lui vint, celle de la prendre au mollet. Il dut s’éloigner davantage, pour ne pas céder à cette envie.

— Vous avez assez vu ? demanda Clorinde, toujours sérieuse et convaincue. Attendez, voici autre chose.

Et, brusquement, elle ne fut plus Diane. Elle laissa tomber son arc, elle fut Vénus. Les mains rejetées derrière la tête, nouées dans son chignon, le buste renversé à demi, haussant les pointes des seins, elle souriait, ouvrait à demi les lèvres, égarait son regard, la face comme noyée tout d’un coup dans du soleil. Elle pa-