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ENCYCLOPÉDIE


DES


GENS DU MONDE.


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A (suite de la lettre).


ANQUETIL-DUPERRON (Abraham-Hyacinthe), un des Français les plus érudits du xviiie siècle, s'est rendu célèbre par ses voyages dans l'Inde, et par la découverte qu'il fit d'une partie des livres de Zoroastre. Frère de l'historien Anquetil (voy. t. I, p. 799), il naquit à Puis, en 1731. Après avoir étudié l'hébreu et ses dialectes, l'arabe et le persan, plein d'ardeur pour la science, il s'enrôla en 1754, comme simple soldat pour l'Inde, mais il dut à Malesherbes et à l'abbé Barthélémy de s'embarquer à Lorient, libéré du service militaire, et avec un secours d'argent accordé par le roi. Arrivé dans l'Inde et après avoir parcouru dans tous les sens cette vaste presqu'île, il se fixa à Sourate où se trouve encore une colonie de Guèbres ou adorateurs du feu, que le fanatisme des Musulmans avait obligés de quitter la Perse. Aussitôt il s'occupa de gagner la confiance des destours ou prêtres perses, et se fit initier par eux à la connaissance des livres de Zoroastre ; il parvint même à se faire céder une partie de ces livres écrits en zend, en pehlvi et en sanscrit Quand il se vit en possession de matériaux suffisans, il retourna en Europe en 1762, et se mit en devoir de les communiquer au monde savant. Il avait rapporté de l'Inde 100 manuscrits. L'ouvrage où sont consignés les principaux résultats de ses recherches parut en 1771, sous le titre de Zend-Avesta, 3 vol. in-4o ; il consiste dans une traduction litterale du Vendidad {voy,) et autres livres sacrés des Guèbres, précédée d'une


relation particulière de ses voyages. Cet ouvrage, à l'époque où il parut, fit une grande sensation. Jusque-là on ne connaissait sur les doctrines de l'ancienne Perse que les fragmens transmis par les Grecs et les Romains, et les témoignages suspects des Musulmans et des autres peuples asiatiques d'une existence récente. C'est à ces fragmens et à ces témoignages qu'avait dû se borner le laborieux Hyde dans son livre De veteri religione Persarum. Anquetil offrait enfin à la curiosité des Européens les monumens originaux de ces doctrines, ou du moins des monumens d'une autorité incontestable. Malheureusement Anquetil manquait de la patience et de la sagacité qu'exigeait une pareille tâche. Pendant son séjour à Sourate il s'était hâté de faire sous la dictée des destours une version littérale des livres qu'il se proposait de publier. Mais il ne s'était pas rendu compte de la valeur précise de chaque mot ; il n'avait pas même acquis une connaissance vraiment approfondie des langues persane et indienne qu'il entendait parler. De là, outre des erreurs de détail, on remarque dans ses traductions une gêne et même une obscurité qui en rendent l'usage peu commode. À ces graves inconvéniens s'est jointe une précipitation dans l'impression de l'ouvrage qui a exigé un errata considérable. Aussi le travail d' Anquetil donna lieu, dès sa naissance, à une foule de commentaires et de dissertations qui sont loin pourtant d'avoir levé toutes les difficultés. Le principal de ces commentaires est celui qui