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chie à des constructions qui n’eurent aucun rapport à cette destination.

On ne peut s’en former une idée approximative, que d’après les représentations qui s’en sont conserves aux revers de quelques médailles impériales et c’est sur ces indications qu’on a restitué des dessins de ce genre de monument, qui tenoit pour le plan de la forme des amphithéâtres, qui étoit de même environné de portiques, mais qui ne paroit point en avoir eu plusieurs rangs l’un au-dessus de l’autre.


NEF, s. f. La nef est, dans une église, la partie intérieure qui s’étend depuis la porte principale jusqu’au chœur. Le mot grec exprime à peu près la même idée, et nous donne l’étymologie de nef. C’est la navata ou nave des Italiens. Cependant, le plus ancien de nos historiens, Grégoire de Tours, nomme la nef capsum, pris ici pour coffre on charriot couvert, peut-être pour ne pas confondre un édifice sacré avec le temple de l’idole de l’Auvergne, que les Gaulois nommaient, dit-il, vasso, nom qu’on retrouve avec la même signification dans vaisseau appliqué à un édifice. Un autre écrivain de la même époque, Sidoine Apollinaire, désigne la nef par campum médium ; enfin, l’auteur des Constitutions apostoliques veut que l’église offre un parallélogramme dont l’extrémité tournée vers l’orient soit faite en poupe de navire’ Est-ce par allusion à la nef de Saint-Pierre, qu’on a voulu donner la forme et quelquefois l’apparence extérieure d’un vaisseau à nos plus anciennes églises du genre gothique ? En effet, ces arcs-boutants multipliés, et qui s’appuient et semblent se lier avec le faîte de l’édifice, ces aiguilles élancées, évidées et terminées en pointe trésaiguë, surmontées de girouettes, la forme pyramidale et surhaussée du clocher ; enfin, cette multitude d’objets qui ressemblent plus à un ouvrage d’orfévrerie qu’à une bâtisse, pouvoient de loin produire une certaine illusion qui ait fait nommer cet édifice un vaisseau.

Quoi qu’il en soit, on dit de la capacité d’une église, d’une galerie et d’une salle de spectacle, c’est un vaste, un magnifique vaisseau.

C’est aussi par analogie qu’on nomme, en français, vaisseau tout vase qui se distingue par sa grandeur, son élégance ou la richesse de sa matière.

On donnoit le nom de nef à un grand vase qui ornoit la table de nos premiers rois. Cet usage subsistoit encore il y a moins d’un siècle ; c’est, suivant le Dictionnaire de l’Académie, un vase de vermeil fait en forme de vaisseau, et où l’on met les serviettes qui doivent servir à table aux rois et aux reines. Le même usage existoit en Italie au seizième siècle ; des artistes célèbres donnèrent le dessin de ces sortes de pièces d’apparat. En 1512, les magistrats de Pérouse firent exécuter une nef d’argent du poids de 35 livres, de la composition de Pierre Pérugin, maître de Raphaël. Ou trouva seulement étrange qu’au lieu d’un vaisseau, l’artiste représentât un char, sans doute celui du Neptune, traîné par des chevaux, marins.

Revenons à la nef des églises, qui est la portion la plus vaste de l’édifice, dans laquelle le peuple se rassemble pour assister aux cérémonies du culte, c’est-à-dire, en considérant la forme du temple comme celle d’une croix latine, c’est le prolongement de la grande branche ; aussi un temple à croix grecque n’a point de nef proprement dite, chacune de ses travées étant semblable à moins qu’on n’affecte la dénomination de nef à la partie qui fait face au grand autel.

Indépendamment de la beauté du coup d’œil et de l’effet perspectif, l’église en forme de basilique semble convenir mieux que toute autre aux usages religieux, et à la libre disposition des cérémonies du culte.

On distingue la forme des églises par le nombre de leurs nefs. On dit une église simple ou à une seule nef, une église à trois et à cinq nefs. La partie du milieu, plus large, est la nef proprement dite ; les bas côtés se nomment aussi des nefs ; mais ces dernières, qui longent les murs, se nomment plus particulièrement les bas côtés. On ne trouve que peu d’exemples de la première, qui est la plus simple forme des églises, c’est-à-dire, offrant un carré long sans autres bas côtés, que des chapelles d’une pente dimension ; car, dès que l’intérieur s’élargit au-delà de la portée des bois de charpente, on fut forcé de diviser l’espace en plusieurs nefs qui sont nécessaires pour supporter les plafonds ou la retombée des cintres, et obvier à leur poussée. Cependant, Rome nous fournit quelques églises de ce premier caractère, telles que celle de Sainte-Marie in Capella du onzième siècle ; celle de San Sisto Vecchio du treizième, et une chapelle maintenant ruinée, qui se voit près du mausolée de Cecilia Metella, et qui offre cette simplicité qui caractérisait l’architecture gothique dans son premier âge. Nous pouvons en voir un exemple à Paris, dans la Sainte-Chapelle, et un autre dans l’église de Vincennes.

Quant au second genre de ces édifices, c’est-à-dire à trois nefs, nous ne serions embarrassés que du choix, même en ne citant que les plus remarquables, surtout par leur ancienneté, et la beauté ou la singularité de leurs plans.

Parfois la nef prolonge jusqu’à l’autel principal qui se trouve absolument à l’extrémité de l’édifice et au fond de l’abside en hémicycle ; c’est la forme des anciennes basiliques, qu’on retrouve dans l’église de Sainte Agathe Majeure, à Revenue, bâtie à la sin du quatrième siècle. Ici, l’application de celle forme aux temples chrétiens est d’autant plus remarquable, qu’elle s’est conservée sans altération jusqu’à nos jours. L’église du Saint-Esprit, dans la même ville, paroît