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convenances que la nature même des choses a établies, dans l’architecture, entre certains élémens de sa construction, et le système des deux sortes de couvertures. Sans doute on conviendra que l’emploi des colonnes isol’es s’accommode moins, même au gré de la vue, d’une couverture cintrée. La voûte effectivement donne toujours l’idée d’une masse pesante qui dès-lors nous choque, lorsqu’elle repose sur de fiêles supports. Il est certain de plus, que le principe de la solidité s’y oppose, surtout en grand, et surtout en pierres de taille.

Il ne sauroit être question ici de fixer des données précises, sur les préférences que l’architecte selon les édifices, selon leur étendue, selon les variétés de construction et celles des matériaux, doit accorder à la pratique de voûter, sur la méthode de plafonner. Les considérations de goût qu’on vient de mettre en avant doivent nécessairement être subordonnées à une multitude de circonstances, qui ne sauroient entrer dans les élémens d’aucune théorie.

L’architecte, en tant que décorateur, doit quelquefois donner la préférence à l’art de voûter sur le procédé du plafond. Ce n’est pas que celui-ci ne présente dans les caissons qui en sont une conséquence, en quelque sorte nécessaire, un parti d’ornement qui lire de la nature même de son origine un effet riche, et cette sorte de beauté qui naît de la raison satisfaite. Cependant, s’il s’agit de décoration, l’on ne sauroit nier que la peinture, qui se plaît à devenir l’auxiliaire de l’architecture, et qui lui communique tant de charmes, ne trouve dans les espaces plus ou moins étendus de la voûte, des champs beaucoup plus propices a ses ressources, et plus heureux pour l’œil, que ne peuvent l’être ceux du plafond.

Sans prétendre parler ici de ces immenses compositions de coupoles, où la peinture, en forçant peut-être ses moyens, a souvent empiété sur le domaine de l’architecture, on ne sauroit nier que l’emploi des voûtes dans les palais, et jusque dans les petites distributions des maisons en Italie, n’ait produit les plus agréables parties de décoration. C’est là que, soit dans les restes de l’antiquité, soit dans une multitude de constructions du seizième siècle, on voit que le genre de l’arabesque, les stucs et les compartimens les plus ingénieux, exercèrent le goût et le talent des plus habiles artistes, à des sujets décoratifs, qu’on ne sauroit attendre ni exiger de la méthode des plafonds. Il est vrai que ce charmant art de décorer les intérieurs dépend d’une manière de voûter et d’un genre de construction en blocage ou maçonnerie facile, économique et propre à recevoir des enduits propices à la peinture : ce que l’on ne peut guère obtenir de l’art de voûter en pierres de taille. Ainsi, chaque chose en ce genre, se trouve soumise à des conditions locales et trop


variables, pour qu’on puisse y asseoir aucun préce pte formel ou exclusif.

VUE, s. f. Sous son acception ordinaire dans l’art de bâtir les maisons, ce mot signifie une ouverture par laquelle on reçoit le jour.

Ainsi l’on dit d’une maison qu’elle n’a pas vue sur une rue, sur la campagne. Un logement n’a de vue que sur une cour, c’est-à-dire que cette maison ou ce logement ont ou n’ont pas des ouvertures ou des fenêtres par où l’on voit la rue ou la campagne, etc.

Le mot vue est donc synonyme de baie, terme usité pour exprimer l’ouverture d’une porte ou d’une fenêtre.

On dit :

VUE ou JOUR DE COUTUME. C’est dans un mur non mitoyen, une fenêtre dont l’appui doit être à neuf pieds d’enseuillement du rez-de-chaussée, pris au-dedans de l’héritage de celui qui en a besoin, et à sept pieds pour les autres étages, ou même à cinq, selon l’exhaussement des planchers. Ces sortes de vues sont encore appelées vues hautes, et dans le droit vues mortes.

Les vues d’appui sont les plus ordinaires ; elles ont trois pieds d’enseuillement el au-dessus.

Les vues reçoivent, selon la coutume, beaucoup de noms divers. Voici les principaux :

VUE A TEMPS. Vue dont on jouit par titre et pour un temps limité.

VUE DE CÔTÉ. Vue qui est prise dans un mur de face, et qui est distante de deux pieds du milieu d’un mur mitoyen en retour, jusqu’au tableau de la croisée. On la nomme plutôt baie que vue.

VUE DE PROSPECT. Vue libre dont on jouit par titre, ou par autorité seigneuriale, jusqu’à une certaine distance et largeur, devant laquelle personne ne peut bâtir ni même planter aucun arbre.

VUE DÉROBÉE. Petite fenêtre pratiquée au-des-sus D’une plinthe ou d’une corniche, ou au milieu de quelque ornement, pour éclairer en abatjour des entresols ou de petites pièces, et que l’on pratique ainsi pour ne point rompre la décoration d’une façade. De là l’épithète de dérobée qu’on donne à ces sortes de vues. C’est que ces petites ouvertures, tout-à-fait étrangères à l’ordonnance, occupent un espace qu’on peut dire dérobé, ou pris aux dépens de quelques parties du bâtiment qui ne leur avoient pas été destinées.

VUE DE TERRE. Espèce de soupirail au rez-de-chaussée d’une cour, ou même d’un lieu couvert, qui sert à éclairer quelque pièce d’un étage souterrain, par le moyen d’une pierre percée, d’une grille ou d’un treillis de fer. Il y a des villes, surtout