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comme une chose curieuse par son antiquité, les toîts de l’aréopage faits de terre grasse ; & dans le temple du Capitole, la cabane de Romulus couverte de chaume.

Au Pérou, les maisons sont encore aujourd’hui de roseaux & de cannes entrelacés, semblables aux premières habitations des Egyptiens & des peuples de la Palestine.

Celles des Grecs, dans leur origine, n’étoient non plus construites que d’argile, qu’ils n’avoient pas l’art de durcir par le secours du feu.

En Irlande, les maisons ne sont construites qu’avec des menues pierres ou du roc, mis dans de la terre détrempée & de la mousse. Les Abyssins logent dans des cabanes faites de torchis, ou de mortier de terre grasse.

Au Monomotapa, les maisons sont toutes construites de bois. On voit encore maintenant des peuples se construire, faute de matériaux & d’une certaine intelligence, des cabanes avec des peaux & des os de quadrupèdes & de monstres marins.

Cependant, on peut conjecturer que l’ambition de perfectionner ces cabanes & d’autres bâtimens élevés par la suite, leur fit trouver les moyens d’allier, avec quelques autres fossiles, l’argile & la terre grasse, que leur offroient d’abord les surfaces des terrains où ils établissoient leurs demeures, qui peu-à-peu leur donnèrent l’idée de chercher plus avant dans le sein de la terre, non-seulement la pierre, mais encore les différentes substances, qui dans la suite les pussent mettre à portée de préférer la solidité de la maçonnerie à l’emploi des végétaux, dont ils ne tardèrent pas à connoître le peu de durée.

Mais malgré cette conjecture, on considère les Egyptiens comme les premiers peuples qui aient fait usage de la maçonnerie ; ce qui nous paroît d’autant plus vraisemblable, que quelques-uns de leurs édifices sont encore sur pied : témoins ces pyramides célèbres, les murs de Babylone construits de brique & de bitume ; le temple de Salomon, le phare de Ptoléméé, les palais de Cléopâtre & de César, & tant d’autres monumens dont il est fait mention dans l’histoire.

Aux édifices des Eyptiens, des Assyriens & des Hébreux, succédèrent dans ce genre les ouvrages des Grecs, qui ne se contentèrent pas seulement de la pierre qu’ils avoient chez eux en abondance, mais qui firent usage des marbres des provinces d’Egypte, qu’ils employèrent avec profusion dans la construction de leurs bâtimens ; bâtimens qui, par la solidité immuable, seroient encore sur pied, sans l’irruption des barbares & des siècles d’ignorance qui sont survenus.

Ces peuples, par leurs découvertes, excitèrent les autres nations à les imiter. Ils firent naître aux Romains, possédés de l’ambition de devenir les maîtres du monde, l’envie de les supasser par l’incroyable solidité qu’ils donnèrent à leurs édifices ; en joignant aux découvertes des Egyptiens & des Grecs l’art de la main-d’œuvre, & l’excellente qualité de matières que leurs climats leur procuroient, ensorte que l’on voit aujourd’hui, avec étonnement, plusieurs vestiges intéressans de l’ancienne Rome.

À ces superbes monumens succédèrent les ouvrages des Goths ; monumens dont la légèreté surprenante nous retrace moins les belles proportions de l’architecture, qu’une élégance & une pratique inconnue jusqu’alors, & qui nous assurent, par leurs aspects, que leurs constructeurs s’étoient moins attachés à la solidité qu’au goût de l’architecture & à la convenance de leurs édifices.

Sous le règne de François I, l’on chercha la solidité de ces édifices dans ceux qu’il fit construire ; & ce fut alors que l’architecture sortit du chaos où elle avoit été plongée depuis plusieurs siècles. Mais ce fut principalement sous celui de Louis XIV, que l’on joignit l’art de bâtir au bon goût de l’architecture, & où l’on rassembla la qualité des matières, la beauté des formes, la convenance des bâtimens, les découvertes sur l’art du trait, la beauté de l’appareil, & tous les arts libéraux & mécaniques.

De la Maçonnerie en particulier.

Il y a deux sortes de maçonnerie ; l’ancienne, employée autrefois par les Egyptiens, les Grecs & les Romains ; & la moderne, employée de nos jours.

Vitruve nous apprend que la maçonnerie ancienne se divisoit en deux classes ; l’une, qu’on appelloit ancienne, qui se faisoit en liaison, & dont les joints étoient horizontaux & verticaux ; la seconde, qu’on appeloit maillée, étoit celle dont les joints étoient inclinés selon l’angle de 45 degrés ; mais cette dernière étoit très-défectueuse, comme nous le verrons ci-après.

Il y avoit anciennement trois genres de maçonnerie ; le premier, de pierres taillées & polies ; le second, de pierres brutes ; & le troisième, de ces deux espèces de pierres.

La maçonnerie de pierres taillées & polies, étoit de deux espèces ; savoir, la maillée, appelée par Vitruve reticulatum, dont les joints des pierres étoient inclinés selon l’angle de 45 degrés, & dont les angles étoient faits de maçonnerie en liaison, pour retenir la poussée de ces pierres inclinées, qui ne laissoit pas d’être fort considérable ; mais cette espèce de maçonnerie étoit beaucoup moins solide, parce que le poids de ces pierres qui portoient sur leurs angles les faisoient éclater ou égrainer, ou du moins ouvrir par leurs joints ; ce qui détruisoit le mur. Mais les anciens n’avoient d’autres raisons d’employer cette manière, que parce qu’elle leur paroissoit plus agréable à la vue.

La manière de bâtir en échiquier selon les anciens, que rapporte Palladio dans son liv. I, étoit moins défectueuse, parce que ces pierres, dont

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