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chaux, dit M. Bélidor, est la plus excellente & la plus commode que l’on puisse faire.

Lorsque l’on est dans un pays où la pierre dure est rare, on peut, ajoute le même auteur, faire les soubassemens des gros murs de cette manière, avec de bonne chaux s’il est possible, qui, à la vérité, renchérit l’ouvrage par la quantité qu’il en faut ; mais l’économie, dit-il encore, ne doit pas avoir lieu lorsqu’il s’agit d’un ouvrage de quelque importance.

Cependant, tout bien considéré, cette maçonnerie coûte moins qu’en pierre de taille ; ses paremens ne sont pas agréables à la vue à cause de leurs inégalités ; mais il est facile d’y remédier, comme nous allons le voir.

Avant que de construire on fait de deux espèces de mortier ; l’un mêlé de gravier, & l’autre, comme nous l’avons dit, de menues pierres. Si on se trouvoit dans un pays où il y eût de deux espèces de chaux, la meilleure serviroit pour celui de gravier, & l’autre pour celui des menues pierres.

On commence par jeter un lit de mortier fin dans le fond du coffre, s’agraffant mieux que l’autre sur le roc ; ensuite, d’une quantité d’ouvriers employés à cela, les uns jettent le mortier fin de part & d’autre sur les bords intérieurs du coffre qui soutiennent les paremens ; d’autres remplissent le milieu de pierrée, tandis que d’autres encore le battent.

Si cette opération est faite avec soin, le mortier fin se liant avec celui du milieu, formera un parement uni, qui, en se durcissant, deviendra avec le temps plus dur que la pierre, & fera le même effet : on pourra même quelque temps après, si on juge à propos, y figurer des joints.

Il est cependant beaucoup mieux, disent quelques-uns, d’employer la pierre ou le libage, s’il est possible, sur-tout pour les murs de face, de refend ou de pignons ; & faire, si l’on veut, les remplissages en moellon à bain de mortier, lorsque le roc est d’inégale hauteur dans toute l’étendue du bâtiment.

On peut encore, par économie ou autrement, lorsque les fondations ont beaucoup de hauteur, pratiquer des arcades, dont une retombée pose quelquefois d’un côté sur le roc, & de l’autre sur un pied-droit ou massif, posé sur un bon terrain battu & affermi, ou sur lequel on a placé des plates-formes.

Mais alors il faut que ces pierres qui composent ce massif, soient posées sans mortier, & que leurs surfaces aient été frottées les unes sur les autres avec l’eau & le grès, jusqu’à ce qu’elles se touchent dans toutes leurs parties ; & cela jusqu’à la hauteur du roc ; & si on emploie le mortier pour les joindre ensemble, il faut lui donner le temps nécessaire pour sécher, afin que d’un côté ce massif ne soit pas sujet à tasser, tandis que du côté du roc il ne tassera pas.

Il ne faut pas cependant négliger de remplir de mortier les joints que forment les extrémités des pierres ensemble & avec le roc, parce qu’ils ne sont pas sujets au tassement, & que c’est la seule liaison qui puisse les entretenir.

Des fondemens sur la glaise.

Quoique la glaise ait l’avantage de retenir les sources au dessus & au dessous d’elle, de sorte qu’on n’en est point incommodé pendant la bâtisse, cependant elle est sujette à de très grands insonvéniens.

Il faut éviter, autant qu’il est possible, de fonder dessus, & prendre le parti de l’enlever, à moins que son banc ne se trouvât d’une épaisseur si considérable, qu’il ne fût pas possible de l’enlever sans beaucoup de dépense, & qu’il ne se trouvât dessous un terrain encore plus mauvais, qui obligeroit d’employer des pieux d’une longueur trop considérable pour atteindre le bon fond ; alors il faut tourmenter la glaise le moins qu’il est possible, raison pour laquelle on ne peut se servir de pilotis ; l’expérience ayant appris qu’en enfonçant un pilot à une des extrémités de la fondation, où l’on se croyoit assuré d’avoir trouvé de bon fond, on s’appercevoit qu’en en enfonçant un autre à l’autre extrémité, le premier s’élançoit en l’air avec violence.

La glaise étant très-visqueuse, & n’ayant pas la force d’agraffer les parties du pilot, le défichoit à mesure qu’on l’enfonçoit ; ce qui fait qu’on prend le parti de creuser le moins qu’il est possible, & de niveau dans l’épaisseur de la glaise ; on y pose ensuite un grillage de charpente, d’un pied ou deux plus large que les fondemens, pour lui donner plus d’empattement, assemblé avec des longrines & des traversines, de neuf ou dix pouces de grosseur, qui se croisent, & qui laissent des intervalles ou cellules que l’on remplit ensuite de briques, de moellon ou de cailloux à bain de mortier, sur lequel on pose des madriers, bien attachés dessus avec des chevilles de fer à têtes perdues ; ensuite on élève la maçonnerie à assises égales dans toute l’étendue du bâtiment, afin que le terrain s’affaisse également par-tout.

Lorsqu’il s’agit d’un bâtiment de peu d’importance, on se contente quelquefois de poser les premières assises sur un terrain ferme, & lié par des racines & des herbes qui en occupent la totalité, & qui se trouvent ordinairement de trois ou quatre pieds d’épaisseur posés sur la glaise.

Des fondemens sur le sable.

Le sable se divise en deux espèces ; l’une, qu’on appelle sable ferme, est sans difficulté le meilleur, & celui sur lequel on peut fonder solidement & avec facilité ; l’autre, qu’on appelle sable bouillant, est celui sur lequel on ne peut fonder sans prendre les précautions suivantes.

On commence d’abord par tracer les alignemens