PRÉ LIMIN AIRE. xxv des dissipateurs. Mais cette prospérité n’est que locale , partielle 8c momentanée. L’héritier inconsidéré d’un bien qui rapporte dix mille livres de rente, peut éclipser pendant trois où quatre ans dans le tumulte ce la Capitale, le sage propriétaire d’une terre de trente mille livres de revenus, qui n’en donne que vingt-quatre à sesjouissances personnelles pour en réserver six aux améliprations ; productives. Mais c’est à condition qu’à la fin de ce terme , f insensé vërrá son héritage, mal entretenu , dégradé par un décret 8c vendu par ses créanciers, dans un état horrible de délabrement qui l’enverra mourir à l’hópital. II en est de même pour les empires. Leurs administrateurs peuvent par des emprunts , par des taxes exorbitantes, dépen- ser le fonds de l’État’, au lieu d’employer simplement ses revenus. Dans le premier cas , vousverrez des ouvriers , des marchands , des fournisseurs abonder pendant trois ou quatre ans autour du prodigue 8c s’enrichir à ses dépens ;’ dans le second , vous les verrez couvrir pendant quelque temps la surface <f un État qui se ruine, sur - tout inonder les capitales & les résidences des souverains dont le patrimoine est dans le même désordre. Mais elle est bien courte la durée de cette fausse, prospérité du négoce 8c des arts qui servent aux jouissances purement ’stériles, quand elle est sondée sur une dilapidation continuelle des capitaux productifs. Au contraire la sagesse bienfaisante d’un grand nombre de pères de famille qui retrancheroient annuellement la cinquième partie des revenus employés à leurs .jouissances purement personnelles, pour les consacrer en réserves 8c améliorations foncières : celles d’un gouvernement qui réforrrieroit ses autres. dépenses, pour augmenter les avances vraiment utiles feroient diminuer, pendant quelque temps, les opérations & les profits de la partie la plus brillante 8c la plus remarquable des ouvriers, dés négoçians & des manufacturiers qui servent le faste 8c la profusion des déprédateurs. Mais ce scro.it pour assurer ensuite’à tous les arts uqe solide 8c juste prospérité. Commerce. Tome I Elle est encore ; frivole & totalement illusoire , celle qu’on fait remarquer quelquefois avec tant de jactance aux souverains & à leurs sujets, comme une augmentation réelle, 8c qui n’est dans le vrai qu’un simple déplacement, qu’un simple- changement de formes , de lieux 8c de personnes. Quand vous n’avez pas amélioré d’abord le gouvernement même, cause première de tout bien, les propriétés foncières, les exploitations rurales qui fournissent la masse annuelle des subsistances 8c des matières premières ; tout ce que vous faites posr.améljorer les manufactures, le négoce 8c les autres arts est précaire, mobile, incertain", souvent chimérique. Vous divisez ce qui étoit réuni , vous rassemblez ce. qui étoit séparé, vous produisez soùs un aspect ce qui se présentoit sous un autre, 8c vous vous imaginez avoir créé ! pure illusion , quand même vous n’auriez employé pour opérer ces reviremens de parties que les moyens simples , justes 8c naturels de la libre concurrence, C’étoit bien pis quand on les produisoit par des injonctions, des prohibitions , des exclusions & des perceptions qu’on soutenois les armes à la main. Autre erreur encore plus bisare, c’est de ne prendre pour vrai symptôme de la puissance 8c de la félicité d’un Etat que le négoce extérieur. II est très-vrai qu’un empire bien organisé , qui’jouiroit dans tout le reste d’une grande prospérité , seroit probablement un assez grand Commerce avec les autres nations, De riches consommateurs sont bien aises de jouir des productions variées de la nature 8c des richesses de tout l’univers. La multiplicité des importations 8c des exportations, peut donc être i’effet de l’opulence réelle qui marche à la fuite de la bonne administration publique & privée. Máis aussi maintes causes funestes pour ses ’ propriétaires, pour les cultivateurs, pour les manufacturiers , pour le commerce intérieur 8c pour tous les arts fubséquens, peuvent accroître le négoce extérieur j nous nous coBteíiterons de les indiquer. d
