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voirs les plus sacrés, s’il n’en remplit pas les fonctions.

Lorsqu’un prince chérit véritablement son peuple, il n’est pas possible de l’ignorer ; sa bonté & son amour se produisent en mille manières. On reconnoît en tout la tendresse qui l’anime. On sent que la félicité publique réside dans son cœur, & que c’est de là qu’elle se répand, il est difficile d’imaginer l’amour & la reconnoissance qu’une persuasion si générale excite dans tous ceux qui lui sont soumis.

Cette gratitude affectueuse est le premier fruit & la plus légitime récompense de son amour. Il est sincèrement & universellement aimé, on le comble de bénédictions en public & en secret, on le révère comme le père de tous, comme le tuteur, le défenseur, le protecteur de tous : il n’a besoin de gardes que pour la bienséance & pour l’éclat extérieur de la majesté ; il vit au milieu de sa famille, il ne voit par-tout que ses enfans ; on s’empresse de lui obéir en tout, de prévenir ses volontés, & il reçoit à chaque instant des témoignages de zèle & d’amour. Voyez les articles, Amour de la patrie, du bien public ; Monarque ; Roi.

AIX-LA-CHAPELLE. Ville impériale du cercle de Westphalie, dans le duché de Juliers. Elle occupe à la diéte de Ratisbonne, & aux assemblées du cercle de Westphalie, le second rang sur le banc du Rhin, dans l’ordre des villes libres & impériales.

On lui donne quelquefois la dénomination de ville impériale par excellence, parce qu’ayant été autrefois la résidence de plusieurs empereurs d’Allemagne, elle a passé long-temps pour la capitale de leur empire, & qu’elle est encore dépositaire de l’épée, du baudrier, & du livre des évangiles qui servent au couronnement des empereurs. Cette épée & ce baudrier sont ceux que portoit Charlemagne : elle doit à ce prince la plupart de ses prérogatives.

La religion catholique est la religion dominante. On y souffre les protestans, mais il n’ont aucune part au gouvernement, & tout culte extérieur leur est défendu.

Un bourguemaître, des échevins & des conseillers composent la régence ; l’electeur Palatin, en qualité de duc de Juliers, se dit protecteur & grand-maire d’Aix-la-Chapelle ; la ville releve pour le spirituel de l’évêque de Liége. Elle a souvent des disputes avec le duc, mais rarement avec l’évêque. L’autorité de celui-ci est tempérée par le synode de la ville.

Son territoire comprend environ trois mille sujets, nobles ou roturiers, qui sont tous soumis à sa jurisdiction. Ce petit territoire porte le nom pompeux d’Empire.

Ses mois romains ne sont que de cent florins, & sa contribution à la chambre impériale est de 155 rixdales & 50 creutzers.

ALEN, AULEN ou AALEN ; ville impériale d’Allemagne au cercle de Souabe. Sa place à la diete est la 33e entre les villes impériales. Sa souveraineté s’étend sur quelques hameaux. Voyez l’art. Allemagne.

ALFRED, roi des anglo-saxons, roman politique de M. le baron de Haller.

M. de Haller a tâché de montrer dans Usong par quels moyens le gouvernement despotique pouvoit être tolérable. Voyez l’art. Usong ; dans Fabius & Caton, il peint le gouvernement démocratique. Voyez l’article Fabius & Caton ; dans Alfred, il fait le tableau d’une monarchie moderée. On trouve une assez longue analyse de ce roman dans le Dictionnaire Universel de M. Robinet.

ALGER, (l’état d’). Il est borné à l’est par celui de Tunis, au nord par la méditerranée, à l’occident par les royaumes de Maroc & de Tasilet, & terminé en pointe vers le midi. Ce pays est le plus grand de ceux qu’on trouve sur les côtes de Barbarie ; on lui donne communément 200 lieues de long sur une largeur très-inégale il occupe le terrein de la Numidie & des deux Mauritanies des anciens. Les géographes y comptent 18 provinces ; mais nous croyons pouvoir ici les réduire à trois, savoir Tlemsan, Titterie & Constantine : elles forment trois gouvernemens confiés à trois beys ou lieutenans généraux, qui commandent un certain nombre de troupes, cantonnés dans ces provinces.

Gouvernement d’Alger. La forme du gouvernement est aristocratique & militaire. La souveraine puissance réside dans le divan ou conseil d’état, qui est composé, sur-tout à Alger, de plus de mille personnes ; chaque officier des janissaires y donne sa voix. À la tête du divan est le dey, que l’on peut comparer, à certains égards, au doge de Venise. Le dey est élu par les janissaires. Le gouvernement d’Alger est sous la protection de la Porte dont il est tributaire.

Le dey regne despotiquement sur les maures ou naturels du pays & sur les arabes ; ces derniers vivent sous des tentes. Les maures & les arabes sont, à proprement parler, les sujets d’Alger ; ce sont eux qui en composent les troupes, tant d’infanterie que de cavalerie, & c’est sur eux que se lèvent les taxes qu’il plaît à la régence d’exiger : cette régence est fort orageuse. On l’a vue dans l’espace de vingt ans déposer deux de ses deys, & en égorger quatre. Elle ne ménage pas même le bacha que le grand seigneur lui envoie ; si ce bacha, dont les fonctions se bornent à lever le tribut, déplaît à la régence, les algériens le chassent ou le déposent : « alors, dit le prince, Centemir, Constantinople ne dit mot, crainte de révolte. »

Histoire politique du gouvernement. Ce pays, qui eut jadis ses rois particuliers, fut conquis successivement par les romains, par les vandales & par les arabes. L’expédition malheureuse de Charles-