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dénomination. On appelle aussi l’Allemagne le saint empire romain (sacrum romanum imperium) l’empire romano-germanique (imperium romano-germanicum) l’empire romain de la nation germanique (sacrum imperium romano-germanicum). Les mots de nation germanique ou allemande ne sont usités que depuis l’époque où Charles VIII, roi de France, entreprit de se faire couronner en Italie.

Section IIIe.
De la population de l’empire d’Allemagne.

L’empire d’Allemagne est extrêmement peuplé ; on y compte vingt-quatre ou vingt-cinq millions d’hommes. Les armées nombreuses entretenues par la maison d’Autriche, par le roi de Prusse, l’électeur de Saxe, par ceux de Hanovre & de Bavière, par l’électeur Palatin, par ceux de Mayence, de Cologne & de Trêves, par la maison de Hesse, de Wirtemberg, par le duc de Brunswick & par les autres princes, états & villes libres de l’empire, & celle de l’empire, qui, sur le pied ordinaire, est d’environ quarante mille hommes, se recrutent avec une facilité incroyable. La maison d’Autriche sur-tout n’est point embarrassée pour ses recrues, car la Bohême, l’Autriche, la Carinthie, la Styrie, le Tyrol & les autres états héréditaires de l’empereur fourmillent d’habitans. Les autres princes trouvent pareillement moyen de compléter leurs troupes sans beaucoup de difficulté. Si l’on observe ensuite que la France & le roi de Sardaigne ont plusieurs régimens allemands, qui ne sont recrutés que de soldats de cette nation ; que d’ailleurs la Hollande, le Danemarck & d’autres puissances voisines recrutent sans cesse, en Allemagne, on conviendra que la population de ce pays est extraordinaire.

En jettant les yeux sur la carte, on voit que l’Allemagne est semée de villes & de villages ; ils se trouvent si près les uns des autres, que l’on conçoit à peine comment le territoire de chaque état suffit à la nourriture de ses habitans. Ceux qui ont étudié la géographie, se rappelleront que la carte de l’empire leur a coûté plus de peine que celle de tous les autres pays de l’Europe ensemble ; que cet embarras provient de la multitude des villes & des villages.

Une troisième preuve de la grande population de l’Allemagne, c’est que toutes les terres y sont mises en culture ; que, dans la plupart des provinces, on manque de terreins & non pas d’agriculteurs. Les forêts qu’on n’a pas encore abattues sont habitées ; on y trouve des villages ou des métairies de distance en distance, & des maisons isolées où les chasseurs & les marchands de bois font leur demeure ; en plusieurs endroits, dans les mines de Hartz en Saxe, par exemple ; il y a un nombre considérable d’hommes & de femmes qui habitent sous terre. J’ajouterai que des Colonies immenses sont sorties de l’Allemagne, & qu’aujourd’hui même un nombre incroyable d’allemands s’expatrient toutes les années ; qu’enfin il n’y a pas de grande ville commerçante dans toute l’Europe, où l’on ne trouve établis une foule de négocians & d’ouvriers allemands. Il y a lieu de croire que l’Allemagne est plus peuplée qu’aucun pays de l’Europe moderne.

Section IVe.
De la division des Cercles.

L’Allemagne se divise communément en neuf cercles, appellés keiss en allemand.

En allant d’occident en orient, on trouve les cercles de Souabe, de Bavière, d’Autriche ; au nord la haute-Saxe, la basse-Saxe, la Westphalie ; à l’occident la Franconie, les deux cercles du haut & du bas-Rhin.

Sous-divisions des cercles. 1o. Le cercle de la Souabe renferme un grand nombre de souverainetés ; les princes les plus puissans sont l’archiduc d’Autriche, qui y possède plusieurs seigneuries, dont l’assemblage forme ce qu’on appelle quelquefois l’Autriche antérieure, Vor osterreich, le duc de Wirtemberg & le marquis de Bade. On y trouve environ quinze comtes, trente villes impériales, dont les plus considérables sont Augsbourg, Ulm, Memmingen & Lindau, Kempten & Rothwill. Il y a aussi un grand nombre de souverains ecclésiastiques ; quelques-uns d’entr’eux ont le titre de princes, comme les évêques d’Augsbourg & de Constance, l’abbé de Kempten. Il y a aussi des abbés & des abbesses qui ont la souveraineté, de leurs terres.

II. Le cercle de Bavière comprend le duché de Bavière au midi du Danube, & le palatinat de Bavière au nord de ce fleuve ; (l’un & l’autre appartiennent à l’électeur de ce nom) le duché de Neubourg & d’autres états séculiers qui ne sont pas fort étendus. Il y a des souverains ecclésiastiques, comme l’archevêque de Saltzbourg, l’évêque de Chiemsée. On y trouve des abbayes qui sont états d’empire, & une ville impériale & libre qui est Ratisbonne, en : langue du pays Regenspürg.

III. Le cercle d’Autriche renferme l’archiduché d’Autriche, les duchés de Stirie, de Carinthie & de Carniole, la comté ou principauté du Tyrol ; diverses seigneuries qui ont le titre de principauté ; des souverainetés ecclésiastiques, comme les évêchés, de Brixen & de Trente : l’archevêque de Saltsbourg y a aussi plusieurs terres.

IV. Le cercle de haute Saxe contient la principauté d’Anhalt, le cercle électoral ou duché de Saxe, le marquisat de Misnie, le landgraviat de Thuringe, la Lusace, le Brandebourg, la Poméranie.

V. Le cercle de basse-Saxe renferme les états de