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interrègne. Ce prince est la souche de tous les princes de la maison d’Autriche. L’électeur de Mayence élut également par compromis Adolphe, Comte de Nassau, successeur de Rodolphe : cependant ni ces deux rois des romains, ni Albert I d’Autriche ne reçurent la couronne impériale. Henri VII, Comte de Lützelbourg, fut couronné par des cardinaux munis de pleins pouvoirs ; Louis de Bavière le fut par le préfet de Rome, & ensuite par le pape, qu’il protégea d’abord, & qu’il abandonna bientôt. Il avoit pour compétiteurs à l’empire, Frédéric d’Autriche & le prince Charles de Bohême : ce dernier fut déclaré son successeur par le suffrage unanime des électeurs, & couronné empereur à Rome par les cardinaux, il fut aussi couronné roi d’Arles. C’est ce même Charles IV qui publia en 1356, à la diète de Nuremberg & à l’assemblée des électeurs à Metz, les sages réglemens concernant l’élection d’un roi des romains, qu’on observe même de nos jours, & qu’on trouve dans la Bulle d’or. Il fit élire, de son vivant, Venceslas, son fils, roi des romains. Tous ces Rois d’Allemagne demanderent la confirmation du pape, quoique par le recès de l’empire, de l’année 1338, cette formalité eût été déclarée inutile. Ni Venceslas, ni Robert le Palatin ne portèrent la couronne impériale ; on la donna à Sigismond, son successeur. Ce prince convoqua un concile à Constance en 1414, & un autre à Bâle en 1431 ; le premier de ces conciles déposa trois papes, & en mit un autre à leur place ; il condamna au feu Jean Hus & Jérôme de Prague ; le second délibéra sur les griefs de la nation germanique, & réforma quelques abus. Albert II d’Autriche régna peu de temps. Frédéric III d’Autriche, qui reçut la couronne d’Italie, ainsi que la couronne impériale, des mains du pape, signa en 1448, avec la cour de Rome, le Concordat de la nation germanique. Son fils Maximilien ayant été élu roi des romains avant la mort de son père, obtint du pape, sans aller à Rome, le titre d’empereur romain élu. C’est sous ce Prince que la diète de Worms rédigea la paix publique, & erigea la chambre impériale ; cette opération fut suivie de la division de l’empire en dix cercles, qui eut lieu en 1512. Charles V fut le premier empereur à qui on imposa une capitulation ; il jura de l’observer, & il prit aussi-tôt après son élection le titre d’empereur romain élu : il fit un voyage en Italie, & il reçut la couronne impériale des mains du pape. La guerre de religion & le traité qui la termina doivent être comptés parmi les événemens les plus remarquables du règne de ce Prince. En 1531 les électeurs élurent, de son vivant & à sa prière, Ferdinand I, son frère, roi des romains, qu’on obligea également de signer une capitulation ; il érigea le conseil aulique impérial. Son fils Maximilien II, ainsi que Rodolphe II, fils de celui-ci, furent élus rois des romains ; mais ce dernier eut la foiblesse de ne pas vouloir qu’on désignât son successeur. Après sa mort, la couronne impériale passa à son frère Mathias. La capitulation de ce prince porte, qu’à l’avenir les électeurs auront le droit d’élire un roi des romains, même contre le gré de l’empereur.

Le règne de Ferdinand II est célèbre par la guerre de trente ans. Son fils & son successeur Ferdinand III (élu roi des romains du vivant de son père) la termina en 1648, par le traité de Westphalie. Léopold son fils réunit les suffrages des électeurs, & il fut déclaré son successeur en 1658. La diète qu’il ouvrit à Ratisbonne en 1663, subsiste encore : la chambre impériale fut transférée de Spire à Wetzlar en 1689. Il accorda à Ernest Auguste, duc de Brunswick-Lunebourg, la neuvième dignité électorale, & il eut pour successeur son fils Joseph, roi des romains. Après la mort de l’empereur Joseph, la couronne impériale passa à Charles VI son frère, qui fit en 1713 un réglement appellé sanction pragmatique, touchant la succession de sa maison. Il mourut en 1740, sans héritier mâle. Ce ne fut qu’en 1742 que Charles VII, électeur de Bavière, fut élu empereur. Après sa mort, arrivée en 1745, François Ier, grand duc de Toscane & duc de Lorraine, obtint le trône impérial. Ce prince mourut en 1765, & laissa le trône à Joseph II, qui l’année précédente avoit été élu roi des romains d’une voix unanime.

Section IIe.
Des différentes dénominations de l’empire d’Allemagne.

Les allemands & les étrangers donnent à l’empire diverses dénominations ; on l’appelle l’empire (imperium) par excellence, & l’empire germanique (regnum germanicum). Le mot latin imperium désigne aujourd’hui l’empire germanique, & on ne l’applique à aucun autre état. Le nom de germanique ne s’emploie guères que dans la chancellerie de la cour impériale & dans celle de l’électeur de Mayence. Le nom françois Allemagne tire son origine du latin Allemannia ; le terme latin allemannia désignoit autrefois non-seulement la Suabe, mais quelquefois, dans un sens plus étendu, toute l’Allemagne. Celui d’empire romain, (imperium romanum) à proprement parler, n’appartient point à l’Allemagne, car l’empire romain & celui d’Allemagne, quoique unis dans le droit public, sont néanmoins séparés l’un de l’autre. Le nom de saint empire (sacrum imperium) est propre à ce dernier ; on le lui a donné, dit-on, parce que l’empereur est le défenseur & le protecteur du siège de Rome & de la chrétienté. Cependant l’épithète de saint a été attribuée à l’empire dès le temps des empereurs payens ; & Constantin le grand, en Orient, aussi bien que Charlemagne, en Occident, conservèrent cette