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lemagne rétablit l’empire d’Occident ; le pape Léon V le proclama empereur du consentement des grands & du peuple romain, & il le couronna à Rome l’an 800. Les empereurs d’Orient même le reconnurent en cette qualité. Presque toute l’Italie faisoit alors partie de ce nouvel empire, dont le siège étoit fixé à Aix-la-Chapelle. Rome même en dépendoit, & les empereurs exerçoient les actes les plus solemnels de leur autorité en Italie. L’histoire nous apprend de quelle manière ces provinces furent démembrées & tombèrent en différentes mains. Vers le milieu du dixième siècle, l’empereur Othon I, surnommé le Grand, commença par rendre Berenger, roi d’Italie, féudataire de l’empire germanique ; mais ce roi étant devenu rebelle, Othon le dépouilla de ses états ; il accepta la couronne impériale qui lui fut offerte par le pape & par le peuple romain, & se fit couronner à Rome, en 962 par Jean XII ; il soumit ainsi le royaume d’Italie à l’Allemagne, & l’annexa à l’empire. Il paroît qu’Othon conquit l’Italie pour l’empire, & non pour sa propre maison ; 1o, parce que cette conquête se fit par les armées de l’empire ; 2o. parce que Bérenger en reçut d’investiture à la diète de l’empire ; 3o. parce que les empereurs qui succéderent, se firent tous couronner à Rome, & y amenèrent avec eux les troupes de l’empire. Il n’est pas difficile aux publicistes de prouver que lempire germanique a des droits de souveraineté sur l’Italie, soit qu’on la regarde comme une partie de l’ancien empire d’Occident, fondé par Charlemagne, soit qu’on veuille l’envisager comme un royaume annexé par Othon I à l’empire d’Allemagne ; mais il ne faut suivre ici d’autres règles que les traités & les conventions reçues.

C’est sur-tout à l’époque d’Othon premier qu’on doit rapporter l’origine des droits seigneuriaux, en vertu desquels plusieurs états de l’Italie relèvent encore de l’empire, tandis que d’autres provinces en ont été entiérement détachées ; cette contrée a presque toujours servi de théatre à la guerre, & ses différentes provinces ont passé successivement à plusieurs maîtres. Lors des troubles & des querelles entre les guelfes & les gibelins, les liens se relâchèrent ; mais l’empire n’a jamais renoncé à ses droits ; &, s’il avoit de la force, il essayeroit vraisemblablement de les faire valoir. Notre dessein n’est pas de dire les révolutions qui sont arrivées à chaque état de l’Italie en particulier ; nous observerons que les auteurs d’Allemagne regardent la plus grande partie du Milanez, le grand-duché de Toscane, le territoire de Luques, les duchés de Parme & de Plaisance, les duchés de Modène & de Reggio, le duché de Mantoue & de Montferrat, les feuda Laugharum, le Piémont, le marquisat de Final & divers autres pays, comme des fiefs de l’empire. Les princes qui les ont possédés, n’ont pas tous été également exacts à en prendre l’investiture, & ils ont quelquefois prétendu se soustraire au lien féodal.

On voulut établir, vers la fin du siècle dernier, un collège parriculier pour examiner cette matière, & rétablir l’activité des fiefs de l’empire en Italie. Depuis ce temps, les empereurs ont promis la même chose dans leurs capitulations ; mais les troubles continuels & les malheurs de la guerre en ont empêché l’exécution.

Au reste, si les princes & les états de l’Italie appartiennent à l’empire, ils n’en sont pas membres ; ils n’ont ni voix ni séance à la diète. Le duc de Savoie y a donné son suffrage, mais parce que son duché faisoit autrefois partie de la Bourgogne. Ce duc a la prérogative néanmoins d’être vicaire perpétuel du Saint-Empire dans toute l’Italie.

Lorsque l’empire est attaqué, on tire ce qu’on peut des états d’Italie pour le contingent des contributions qu’ils doivent payer ; & c’est-là l’objet des principales négociations qui ont lieu entre l’empire & les princes d’Italie.

Les droits de l’empire sur l’Italie, & la situation où se trouvent aujourd’hui ses différentes provinces, offrent un vaste champ pour des disputes, des guerres & des traités. Il n’est pas besoin d’observer que l’Allemagne desire beaucoup de voir ses droits maintenus en Italie, & d’y conserver un équilibre de pouvoir, qui empêche une si belle contrée de tomber dans les mains d’un seul prince ; elle prévoit qu’un seul homme, maître d’une si grande étendue de pays, annulleroit toutes les anciennes prétentions de l’empire.

Rapports de l’empire avec l’Angleterre.

L’Angleterre auroit fort peu de choses à démêler avec l’Allemagne, si le prince qui occupe le trône de la Grande-Bretagne, n’étoit pas électeur de l’empire. D’après cette circonstance, on confond les intérêts de la nation angloise avec ceux de la maison de Hanovre. Les forces de l’une sont obligées de soutenir les vues de l’autre. Nous ne parlerons pas ici des liaisons qui subsistent depuis long-temps entre la cour de Londres & celle de Vienne. Il paroît que le corps germanique est médiocrement intéressé aux révolutions qui peuvent arriver au commerce, à la navigation & à la puissance maritime des anglois, & que le maintien du systême de l’empire trouble davantage ceux-ci ; parce que la maison d’Autriche pouvant devenir trop puissante, voudroit avoir un commerce maritime dans les colonies. Les secours que les princes d’Allemagne & l’Angleterre peuvent se fournir mutuellement sont peu considérables, si on les envisage d’une manière directe. Mais il y a des cas où ils peuvent se rendre des services réciproques très-importans. C’est 1o. lorsque l’empire est engagé dans une guerre avec la France, ou avec quelqu’autre grande puissance : l’Angle-