Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/258

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On conçoit aisément que ces découvertes, & beaucoup d’autres, étant acquises par des calculs fondés sur quelques expériences bien constatées, un ministre habile en tirerait une foule de conséquences pour la perfection de l’agriculture, pour le commerce tant intérieur qu’extérieur, pour les colonies, ; pour le cours & remploi de Par-, gent, Sec. Mais souvent les ministres,-(je n’ai garde de parler fans exception ) , croient n’avoir pas besoin de paster par des combinaisons & des suites d’opérations arithmétiques : plusieurs s’imaginent être.doués d’un grand génie naturel, qui les dispense d’une marche si lente & si pénible, sans compter que la nature des’affaires ne permet ni ne demande presque jamais la précision géométrique. Cependant si la nature des affaires lademândoit &la permettoit, je ne doute point qu’on ne parvînt à se convaincre, que le monde politique , aussi- bien que le monde physique, peut se régler à beaucoup d’égards par nombre, poids & mesure. ." s ’ C’est ainsi que s’exprime l’aucienne Encyclopédie au mot arithmétique politique. La définition & I’expliçation qu’elle en donne, émanées fans doute d’un auteur respectable & patriote, : sont un témoignage de ses "fentimens vertueux, & nous font voir ce bon citoyen occupé, selon ses connoissances & ses loisirs, des progrès du bien public ; mais ce qu’il propose ici comme moyen d’y contribuer & capable de diriger Padrninistration vers le mieux, ne serviróit guères qu’à la détourner de íés vrais devoirs, qui consistent en vigilance, pourl’occuperde détails fujetsià erreur, à présenter des illusions, .. &-.tendre des pièges à la sollicitude publique. Les gôuvernemens, si l’on peut parler ainsi, ne sont point les célériers d’une communauté : c’est une erreur de croire qu’ils soient institués pour nourrir les hommes. Ils lé font uniquement pour défendre leurs propriétés , les empêcher.de.ravir la portion d’autrui, & pour les préserver de gêne dans leur travail, destiné à leur procurer, une part à. la subsistance. V ; ,-_ Le terme d’Arithmétique politique est une déhominationcompofée, laquelle pour être bien entendue, suppose Pacçeption d’une grande vérité primitive,’ qui est d’abord l’expliçation de cetfe maxime de Saluste : Oui, homih.es arant, s,distcant, laborant, &c. omnia vinuti parent. Cette vertu j c’est le calcul, c’est le bon calcul. . Mais ,1’admÌíTion de cette vérité primitive suppose son application aux élémens de la víë hu- • maine, qui sont la base de la multiplication de Pespèce, de sa perpétuité, de sa prospérité , & de tout ce qui peut y concourir. Ces élémens de la vie humaine sont les règles de Pordre naturel , par l’observation desquelles l’homme peut obtenir d’abord- fa subsistance première & plus urgente nécessité, ensuite pourvoir a ses autres besoins, comme vêtemens, logemens, &c& multiplier enfin les dons de la nature , eìvperpé-’ (Eçon. polit, £ ? diplçfìiatique, Tçm. J, tuer la reproduction •& lès approprier à ses désirs’, : dont la satisfaction fait l’essence de son bpnheur. ’ On sent <5ueje veux parlérici de Pagriculture, - dont les procédés dépendent des loix de la natures & qui feule multipliant les produits de la terre, devient le seul moyen de subsistance assurée pour l’homme &c pour sa postérité. ’ ’ Toutes les autres manières de se -procurer lanourriture , cpmme" la chassé -, la pêche., - ìe pâturages rie sont proprement-que des movens de : recherche , auxquels, l’industrie , Pexpéríence & Phabitude peuvent bien donner quelque extension j mais cette extension rie sauroit être graduelle & perpétuelle -, & la multiplication de notre espèce en trouvera bientôt les bornes. Arrivées une fois à ce -terme , les différentes fa^ milles, humaines doiyent s’ëntr’égorger pour vivre de^ pillage , & les victorieuses périr ensuite elles-mêmes fur les débris qu’on formés leurs ravages. Au-lieu de cela, les dons de Pagriculture n’ont de bornes que les barrières les plus reculées de la fécondité de la nature, barrières que nous ne saurions connoître , qui s’étendront toujours de- , vant l’industrie, devant Pexpèrience & Phabitude du travail, & procureront ainsi de nouvelles subsistances pour 1 accroissement de la population, laquelle -,fournira par elle - même de nouveaux surcroîts de pravail, & de nouveaux moyens d’exciter & d’étendre la fertilité. La politique n’étant que Part de rendre les hommes utiles & heureux, on sent combien elle est liée à Pagriculture 5 & celle-ci ne .pouvant être exercée à profit qu’au moyen d’une arithmé-tique fort exacte, attentivement étudiée, & soigneusement respectée, il suit que la politique est pareillement une science dé calcul. Ón sait & OH dit ailleurs ce que c’est que lá science des calculs agricoles ;.il s’agit maintenant ici d’établir exacte^ ment ce que c’est que Parithmétique politique, Çelle.-ci consiste à ramener à des principes foutais à Pépreuve du calcul, & confirmés par les résultats du calcul, l’intérêt général de Phumanité , composé de l’intérêt particulier de cha,cûne des sociétés politiques qui sont répandues - fur la terre, comme l’intérêt national de chacune d’elles est composé de Pintérêt particulier dé chacun des individus qu elle renferme. Cette opération" grande & simple que fait là faine politique^ c’est - à - dire, la ’sêule politique qut ;soit favorable & constante, cette opération embrasse également le moral & le physique de l’homme ; & : sans soumettre l’un à l’autre, elle nous démontre qu’il nous suffit de savoir que tout se tient dans la nature, pour pouvoir contenir les écarts-d’une imagination trop vive, & pour trouver des bases physiques aux spéculations de la politique, & au régime de l’autorilé.

Ce régime doit se conformer à celui de la na-< ture qui fit ^naître Thomme qui ie fait vivre, i