Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T01.djvu/356

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État de la petite culture des grains. Nous avons observé à l’article Fermier déja cité que, dans les provinces où l’on manque de laboureurs assez riches pour cultiver les terres avec des chevaux, les propriétaires ou les fermiers qui font valoir les terres, sont obligés de les faire cultiver par des paysans auxquels ils fournissent des bœufs pour les labourer. Nous avons vu que les frais qu’exige cette culture ne sont pas moins considérables que ceux de la culture qui se fait avec les chevaux ;_ mais qu’au défaut de l’argent qui manque dans ces provinces , c’est la terre elle-même qui subvient aux frais’. On laisse des terres en friches pour k pâture dés boeufs de labour ; On- lès nourrit pendant l’hiver.avee ks foins que pro- " duisent, les prairies ; -8c , au lieu de payer des gages à ceux qui labourent , on léUr cède lá moitié du produit que fournit la récolte. Ainsi, excepté l’achat des boeufs, c’est la terre elle-même qui avance tous Jes frais de la culture, mais d’une manière fort onéreuse au propriétaire & encore plus à Pét-at--j _car les terres qui restent incultes pour le pâturage des boeufs , privent le propriétaire & l’état du produit que l’on en tirerait par-la culture. Les boeufs dispersés dans çes pâturages ne fournissent point de fumier ; les propriétaires confient peu’de troupeaux : à’cès métayers-ou paysans chargés de Ja culture dé la terre, ce qui diminue extrêmement le produit des "hinês :en-France. Mais ce défaut de troupeaux prive les terres de fumiers,, & faute d’engrais, elles ne. produisenr que de petites récoltes , qui ne font évaluées dans ks bonnes années qu’au grain cinq, c’est-à -diré, au quintuplé de la semence, ’ou environ trois septiers par arpent , ce , qu’on regarde comme un bon produit. Aussi ks terres abandonnées à cette culture ingrate fbntellés peu recherchées ; un arpent de terre quisc Vend trente ou quarante livres dans ce pays-là, vaudroit deux ou trois cens livres dans des provinces bien-cultivées. Ges terres produisent à peine l’intérêt du prix de kur acquisition , fur-tòut aux propriétaires ab sens : si oh déduit des revenus d’une terte assujétie à cette petite culture, ce que pfor duiroient les biens occupés par-la nourriture des boeufs ; si on retranche les. intérêts au deriier dix des avances pour l’achat des boeufs de labour, -quidiminuent de valeur après" un nombre d’années de service , on voit qu effectivement Je propre revenu des terres cultivées est au plus du fort âufoible de vingt ou trente fous par arpent. Ainsi malgré la confusion des produits & ks dépenses . de .cette forte de culture, le bas prixde l’estimàt-ion de ces terres sJeft_ établi fur des estimations exactes, vérifiées par l’intérêt des acquéreurs 8c des vendeurs.

Voici l’état d’une terre qui produit, póur la part" dii propriétaire, année commune, environ 3000 liv- eh bled,’ semence prélevée, pj-esque tout en froment ; les terres sont bonhes 8c portent environ "le grain cinq. II y ën a 400 arpents en culture , [dont 200 arpens forment la fole de la récolte de chaque année ; & cette récolte est partagée par moitié entre les métayers & k propriétaire. Ces terres font cultivées paf dix charrues tirées chacune par quatre gras boeufs : les quarante boeufs valent environ 8000 liv., dont l’intérêt mis au denier dix , à cause des risques & dé la perte fur la vente de ces boeufs, quand ils font vieux 8c maigres, est 800 liv. Les prés produisent 130 charrois de foin qui font consommés parlés boeufs : déplus, il y a cent arpens de friches poiír leur pâturage ; ainsi il faut "rapporter le produit des 3000 liv. en bled pour la part du propriétaire, A l’intérêt du prix des boeufs, 8oo A l’intérêt de .1000 liv.. de bled .’" choisi pour k premierfonds.de la • semence avancée par k propriétaire , .. 50 1050’ A 200 liv. de frais particuliers faits . í par le propriétaire - fans compter | les réparations & les appointeinens | . des régisseurs, .... .._- .... ... ..* ..., 200 ï A 130 charrois de foin, le charroi

-1300 I A 100 arpens de oâtureaux, à15f.

l’arpent,, .,. . .75 / X ?J° Reste pour le produit des 400 arpens de terres cultivées , . ’..’ 575 J Total. .-.*_... -.3000

Ainsi, ces quarante arpens de bonnes terres ne donnent pas par arpent 1 liv. 10 s. de revenu [1] ; mais dans le cas dont il sera parlé ci-après chaque arpent seroit affermé 10 liv., les 400 arpens rapporteroient au propriétaire 4000 liv., au lieu de 575, auili ne devroit-ôh pas être étonné de la perte énorme qu’on appercevra dans ks revenus des terres du.royaume. Les terres médiocres font d’un si petit revenu , que-, selon M. Dupré de S. Maur (.essai fur ks monn.) celle de la Sologne & du Berri, au centré du royaume, ne font guères louées que’sur k pied de 15 s l’arpent, les prés, les terres & les friches ensemble ;-encore faut-il faire une avance-considérable de bestiaux qu’on donne aux fer- • m’iers, fans retirer que lé capital à la-fin díi bail, une grandëpartie dela Champagne ; de là" Bretagne, du ’Maine , du- Poitou , des .environs de Bayonne, &c, dit le même auteur, ne produi-

  1. Il faut même supposer de bonnes années, & que le prix du foin ne passe pas 10 livres, ou que la longueur des hivers n’en fasse pas consommer par les bœufs une plus grande quantité ; car un peu moins de produit ou un peu plus de dépense anéantit ce petit revenu.