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du prince, d’un audiencier & des secretaires d’état. En 1702, il parut un décret de Philippe V, donné à Naples le 2 juin, en vertu duquel le conseil d’état, le conseil privé & celui des finances furent réunis en un seul, sous le nom de conseil royal. Les puissances maritimes, alliées du roi Charles III, rétablirent le conseil d’état en 1706 ; & le même prince ayant été élu empereur, y nomma de nouveaux conseillers, en qualité de souverain des Pays-Bas.

Le conseil privé est composé du chef-président & de cinq ou six conseillers que nomme le souverain. Ce conseil & le grand conseil de Malines furent réunis jusqu’en 1504. À cette époque, Philippe le Bel établit une partie des conseillers à Malines, & retint les autres auprès de sa personne, ou de celle du gouverneur du Pays-Bas. Charles-Quint confirma l’institution du conseil privé par ses lettres-patentes, en 1517 & 1531. Philippe V l’abrogea en 1702 ; mais l’empereur Charles VI le rétablit en 1725.

Le conseil des finances régit les domaines du prince, & donne les réglemens sur tout ce qui concerne les droits d’entrée & de sortie. Il y avoit autrefois un chef des finances ; le trésorier général, aidé de quelques conseillers & commis des domaines & finances, en exerce aujourd’hui les fonctions. Le conseil des finances a deux greffiers, un conseiller député pour les affaires du commerce & un fiscal.

Le Brabant hollandois n’est plus un pays d’états, & il n’a ni le droit d’envoyer des députés à l’assemblée des états généraux, ni les privilèges du pays de Drenthe. Il a souvent sollicité ces prérogatives ; mais, envisagé par la république comme un pays de conquête, & jouissant d’ailleurs de ses anciennes franchises en matière ecclésiastique & civile, on n’a jamais voulu lui accorder ce qu’il demandoit.

BRAMES, la première des castes de l’Inde. Comme les brames jouent un grand rôle dans la législation & l’administration des peuples de l’Inde, nous croyons devoir en parler ici.

Le législateur de l’Inde destina les brames à être les prêtres & les seuls ministres de la religion. Devenus trop nombreux, la plupart s’adonnent à d’autres fonctions ; mais ne voulant faire aucun métier servile, ils s’introduisent dans les cours où ils exercent toute sorte d’emplois, depuis celui de ministres jusqu’à celui d’espions ; (les espions ne sont pas flétris dans l’Inde comme en Europe : ) on les emploie sur-tout comme écrivains. Les seigneurs, les généraux & même les officiers subalternes des troupes en ont à leur service ; plusieurs de ces brames se contentent de la paye de simple soldat.

Benarès, ville située sur le Gange, est la principale ou plutôt l’unique école des brames. Leur chef, qu’on nomme le grand bramine, est respecté de toute la nation, & il jouit d’une multitude de privilèges.

Il donne des dispenses pour les mariages ; il a, dit-on, un revenu assez considérable, fondé sur la négligence des naturels du pays. On assure que si les indiens perdent quelque chose, ils doivent payer en argent, au grand bramine la valeur de ce qu’ils ont perdu ; & que, s’ils ne sont pas fidèles à remplir cette obligation, on les chasse ignominieusement de leurs tribus.

Cet usage singulier est peut-être établi & observé dans quelques cantons ; mais les anglois, maîtres aujourd’hui d’une grande partie de l’Inde, ont sûrement réduit beaucoup cette partie des revenus du grand bramine.

Il y a dans l’Inde deux codes ou shasters différens ; le premier est communément désigné en Europe, sous le nom de Vedam ; mais M. Dow prétend qu’on doit dire bedang, mot composé de beda & ang, c’est-à-dire, corps de doctrine ou de science. Les habitans de la côte de Coromandel, de celle de Malabar & du Decan suivent le vedam. On l’appelle aussi bedang shaster. Les habitans du Bengale, & ceux qui demeurent sur les bords du Gange, suivent un autre code, qu’ils appellent neadirsen shaster. Le mot neadirsen est formé, dit-il, de nea, qui veut dire vrai, juste & dirsen, qui signifie expliquer. Ainsi neadirsen signifie explication de la vérité. Ce code, ajoute M. Dow, est moins ancien de 900 ans que le bedang ; il fut écrit, il y a environ 4 000 ans, par un sage, nommé Goutam. L’un & l’autre de ces codes est en langue samskrete.

De temps immémorial les brames, seuls dépositaires des livres, des connoissances & des réglemens, tant civils que religieux, en avoient fait un secret, que la présence de la mort, au milieu des supplices, ne leur avoit point arraché. Il n’y avoit aucune sorte de terreurs & de séductions auxquels ils n’eussent résisté, lorsque tout récemment M. Hastings, gouverneur général des établissemens anglois dans le Bengale, & le plus éclairé des européens qui soient passés aux Indes, devint possesseur du Code des indiens. Il corrompit quelques brames ; il fit sentir à d’autres le ridicule & les inconvéniens de leur mystérieuse réserve. Les vieillards, que leur expérience & leurs études, avoient élevés au-dessus des préjugés de leur caste, se prêtèrent à ses vues, dans l’espérance d’obtenir un plus libre exercice de leur religion & de leur loix. Ils étoient au nombre de onze, dont le plus âgé passoit quatre-vingt ans, & le plus jeune n’en avoit pas moins de trente-cinq. Ils compulsèrent dix-huit auteurs originaux samskrets ; & le recueil des sentences qu’ils en tirèrent, traduit en persan, sous les yeux des brames, le fut du persan en anglois par M. Halhed. Les compilateurs du Code rejettèrent unanimement deux propositions ; l’une de supprimer quelques paragraphes scandaleux, l’autre d’ins-