Page:Encyclopédie méthodique - Economie politique, T03.djvu/433

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teó’ : ÌÎEG .. , NEG Les nègres font bornés, parce que 1esclavage brise tous’lés ressorts de Tame. Us sont médians ; comment seroient-ils bons ? Ils sont fourbes ; qui -Tes’a rendu dissimulés ? Us reconnoissent la supériorité de notre esprit, parce que nous avons perpétué leur ignorance ;. la justice de notre empire, parce que nous avons abusé _ de kurfoibksse. Dans Timp’ossibilité de maintenir notre supériorité par la force, on s’est rejette fur da ruse. Mais cés nègres étoient. nés esclaves. À quifera-t -on Croire qu’un homme peut être Ia propriété d’un souverain ; un fils, la propriété d’un père ; une femme , la propriété d’un mari ; un domestique 3 la propriété d’un maître ; un. nègre, la. propriété d’un côlon ? Mais c’est, le gouvernement lui-même qui vend les esclaves. D’où vient à Tétat ce droit ? Le magistrat, , quelqu’absolu qu’il soit , est-il propriétaire des sujets soumis à son empire ? A-t-il d’autre autorité que celle qu’il tient du citoyen ? Et jamais i un peuplé á-t-il pu donner le privilège de disposer de sa liberté _ . Mais l’esclave a vpulu se vendre. S’il appartient à lui :même, il a le droit dëdisppscr.de lui. S’il est le maître de sa vie, ppurquòi ne le seroit ’ il pas de fa liberté ? C’est à lui à se bien apprécier. C’est à hii à stipuler ce qtf il croît valoir. Celui dpnt il aura reçu le prix cpnvenu, Taura légitimement acquis. . L’homme n’a pas le droit de se,vendre, parce qu’il n’a pas celui d’accéder à tout ce qu’un maître injuste , violent, dépravé pourrpit exiger dé lui. II appartient à son premier maître, Dieu, dnnt il n’est jamais affranchi. Celui qui se vend -,’ fait avec-son acquéreur un pacte illusoire : car îl perd la valeur de lui-même. Au mpment qu’il la,touche, lui & son argent rentrent dans la possessipn de celui qui Tacheté. Que ppssède celui . qui a renpncé àtpute ppssession ? Que peut avpir à soi celui qui s’est soumis à ne rien avoir ? Pas mêmë de la vertu, pas même de l’honnêteté , pas même une volonté. Celui qui s’est réduit à ja condition d’une arme meurtrière, est un fou , 8r non pas un esclave. L’homme peut vendre sa vie j comme le soldat ; máis il n’en peut consentir l’abus çommë l’esclave ; & c’est la différence de ces deux états. Mais ces esclaves ayoient été pris à la guerre, & fans nous on -les auroit égprgés. Sans VPUS y auroit-il eudes combats ? Les dissensions de ces peuples ne sont-elles pas votre ouvragé ? Ne kur portez - vous pas des armes meurtrières ? Ne leur-inspirez-VPUS pas Taveugle désir d’en faire usage ? VPS vaisseaux abandpnnerpnt-ils ces déplcrables plages , avant que la misérable race qui Jes pccupe ait disparu du glpbe ? Et queue laissez-VPUS le vainqueur abuser comme il lui plaira de sa victoire ? : Pourquoi voiìs rendre son, complice í -’..-. Mais Vétoieht des criminels dignes de t»o«*û ; dès plus grands supplices, & condamnés dàns’ leur propre pays à Tesclavage. .’ / ’

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Etes-vous donc ks bourreaux ; des peuplés’de’ TAfrique ? D’ailleurs.qui lés avoit jugés .^Ignorez - vous qu’on doit faire peu de cas dés arrêts ; d’un état despotique ? Mais ils sont plus heureux en Amérique qu’ils^ ne Tétoient en Afrique. : "’".’ Pourquoi donc ces esclaves soupirent-ils sans ! cesse, après kur patrie ? Pourqupi reprennent-ils leur liberté, dès’ qu’ils lé peuvent ? Pourquoi préfèrent-iis des déserts & Ia société dès bêtes fé-’ roces à uni état qui vous paroît si. doux ? Pour-, quoi le désespoir les porte-t-il à se défaire ou à vous empoisonner ? Pourquoi les femmes se fonf-elles si souvent avorter, afin que kurs enfans në partagent pas kur destinée ? Lorsque vous-nous ; parlez de la félicité de vos esclaves» vous vousmentez à vous-même , oú vous nous trompez. C’est le comble de Textravagance de vouloir transformer en un acté d’humanité une si :étrange barbarie. ... ’ "’ . . r Le dernier argument qu’on ait employé pour’ justifier Tesclavage, a été de dire que c’étoitle seul moyen qu’on eût pu trouver pour conduire ; ks nègres-à la béatitude éternelle, par le "grand bienfait du baptême. Et tcus lès’ hpmmèssensés ; pburrpnt y réppndre. Sans’dpúte, il faudroitpour être justes briser k s chaînes de tant de victimes de notre cupidité-, dussions nous’renoncer à un commerce qui n’a que Tinjustice-pour base, &. que k luxe pour objet. ~’ . !’ !; Maishpn , il n’est pas nécessaire’de faire lésa’-' crificedeprcductipnsque Thabitude npusarendif si chères. Vpus ppurriez les^tirer de TAfrique ; même. Les plus impprtantes y croissent naturel-lement, -Si il seroit facile d’y naturaliser" les autres !

Qui p.eut douter que dés peuples qui vendent 

• leurs enfans pour satisfaire quelques-fantaisies passagères , ne se déterminassent à cultiver leurs terres ppur jpuír habituellement de tous les avantages d’une société vertueuse & bien ! ordonnée ? - II ne seroit pas même peut être impossible d’òbtenir ces productions de vos colonies.ï fans les peupler d’esclaves. Ces denrées pourroiént être cueillies par’des mains libres, Si dès-lors con-’ sommées fans remords. ’ / Pour atteindre à ce but, regardé si généralement comme chimérique,-il -në faudroit pas, se-’ Ion les. idées d’un homme éclairé, faire tomber les fers des malheureux qui sont nés dans-la servitude, du qui y ont vieilli. Ces hommes stupides , qui n’auroient pas été préparés à un changement d’état, scroient incapables de se conduire eux-mêmes. Leur vie ne seroit qu’une indolence habituelle , ou un tissu de crimes. Le grand bienfait dé la liberté doit être réservé, pour leur postérité , & ’même avec quelques modifications- • Jusqu’à leur vingtième année, ces enfans appas