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portion que les fibres, les membranes, les vaisseaux sont plus raprochés, joints plus intimement par un tissu cellulaire plus court, plus serré, plus dense, ou par un suc plus consistant, plus agglutinatif.

Il n’est point de parties du corps des insectes qu’on ne puisse, par un procédé convenable, réduire en fibres élémentaires comme toutes les parties des autres animaux ; leur corps a donc pour base, pour partie constituante, le même élément. Cette première notion étant indiquée, passons à l’irritabilité.

C’est une propriété commune à tous les corps organisés d’être composés de fibres auxquelles on peut réduire toutes leurs parties, & de la réunion desquelles leur ensemble est formé ; cette propriété appartient aux végétaux comme aux animaux ; mais la fibre végérale est inerte, c’est-à-dire, qu’elle ne sent pas, qu’elle ne réagit point, ne fait pas d’effort, & n’entre pas en mouvement à l’occasion du contact d’une substance étrangère ; la fibre animale au contraire ne sauroit, au moins étant vivante, être touchée sans sentir, sans réagir, faire effort & entrer en mouvement ; si elle est libre, elle se retire sur elle-même & se racourcit ; si elle est retenue par ses extrémités, elle entre en oscillation. C’est cette propriété que j’appelle irritabilité ; & l’irritabilité me paroît être le caractère propre & distinctif de la fibre animale, par conséquent des animaux dont la fibre est l’élément. Non-seulement les insectes ne donnent pas moins d’indices d’irritabilité dans tout leur ensemble que les autres animaux, mais leurs parties, leurs fibres, séparées du reste du corps, conservent plus long-tems la propriété de se racourcir, d’entrer en mouvement, ou l’irritabilité ; elle est donc en eux, comme dans les autres animaux, le principe primitif de toute action, le premier agent & la base de l’existence, & la leur paroît en cela plus solide, plus durable ; ce n’est pas l’effet d’une propriété particulière à leur fibre, mais celui du concours de plusieurs causes dont nous parlerons bientôt.

Après avoir exposé ce qu’on doit entendre par la fibre & l’irritabilité, je passe à l’action de l’irritabilité sur la fibre, & à la réaction ou mouvement de la fibre, pour en déduire le mécanisme & l’explication des fonctions.

Du cerveau & des parties qui en tirent leur origine.

Le cerveau est un viscère mou, vasculaire, pulpeux, composé de deux substances, l’une grise, l’autre, blanche, qu’on nomme, la première, substance corticale, ou substance grise, parce qu’elle est à l’extérieur, & que sa seconde dénomination exprime sa couleur. La seconde substance est appellée médullaire ; le cerveau est divisé à sa surface, &, jusqu’environ le tiers de sa profondeur, en deux segmens auxquels on donne le nom de lobes, réuni à sa base en une seule masse, placé dans la cavité du crâne qui le soutient, l’entoure, le défend du choc & de la pression des corps extérieurs qui peuvent heurter la tête ou la comprimer.

Dans la cavité du crâne des insectes, est placé un viscère si semblable au cerveau par toutes les circonstances énoncées, que les anatomistes n’ont pas hésité à lui en donner le nom. Quant aux deux hémisphères, ou à la croûte d’une substance membraneuse, qui couvrent la têre des insectes, on ne peut leur refuser le nom de crâne.

Au-dessous des lobes du cerveau, en arriére, est situé un viscère analogue au cerveau par sa structure, également divisé en deux lobes, mais qui a plus de consistance, & dont les deux substances, la grise & la médullaire, sont disposées dans un ordre opposé à celui qu’elles tiennent dans le cerveau. On donne à ce viscère le nom de cervelet ; il n’a pas encore été observé dans les insectes ; mais ce viscère, de même nature que le cerveau, a aussi les mêmes usages, quoiqu’il exerce son action sur des parties qui ne sont pas les mêmes : cette différence n’en est donc qu’apparente, & ne change rien au fond du mécanisme, si le cerveau & ses dépendances, dont nous allons parler, suppléent dans les