Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 1, T3.djvu/5

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des caractères. L’ignorant paroît donc ici au-dessus du savant ; mais l’un n’ajoutera jamais rien à sa première faculté, celle de reconnoître pour un insecte tout individu qui en est un en effet ; il n’ira pas plus loin ; il ne distinguera pas les insectes entr’eux, & il les confondra tous faute d’observer les traits, les formes qui les différencient. Ici le second rentre dans tous ses droits. Il juge en général, comme l’ignorant d’après le rapport des sens, & en particulier, d’après des traits distinctifs que l’examen & la réflexion lui font remarquer : il reconnoît les insectes au premier aspect à leur forme si différente en apparence de celle des autres animaux ; mais il ne se borne pas à ce premier jugement ; il examine cette forme qui paroît si particulière ; il la compare à celle des autres animaux, & il trouve qu’elle s’en rapproche ; il la compare ensuite entre les divers insectes, & il trouve qu’elle établit déjà des différences entr’eux ; après avoir examiné la forme dans son ensemble, il considère séparément celle des différentes parties, & il apperçoit alors des traits multipliés, des caractères distinctifs, nombreux entre les différentes espèces qui les lui font distinguer.

Nous venons de dire que la forme des insectes se rapproche de celle des autres animaux ; c’est ce qu’il faut prouver en l’examinant & par la voie de la comparaison.

Quelle que soit la forme des animaux, on divise leur corps en trois parties, qui sont la tête, le tronc ou corps proprement dit, & les extrémités : on subdivise chacune de ces parties, & le tronc spécialement en deux grandes cavités qui sont la poitrine ou thorax, le ventre ou abdomen.

Le corps des insectes est également divisé en trois parties, qui sont de même la tête, le corps, proprement dit, & les extrémités ; chacune de ces parties en contient également d’autres qui exigent des subdivisions, & le corps se subdivise de même en deux cavités qui répondent à la poitrine & au ventre. Mais on n’emploie pas le mot de poitrine pour les insectes, on se sert de celui de thorax, ou de corcelet ; & l’on désigne la seconde cavité ou par le nom de ventre, ou par celui d’abdomen. La division naturelle du corps des insectes & la première que présente son analyse, est donc la même que celle du corps des autres animaux. Il y a dans les parties qui viennent d’être nommées rapports entre les insectes & les autres animaux ; il y a aussi des différences, & comme elles sont plus frappantes au premier aspect que les rapports, elles sont causes que les insectes paroissent à la première vue formés sur un modèle différent de celui des autres animaux, quoique le même ait servi pour les uns & les autres. L’examen de ces rapports & de ces différences confirmera ce que je viens d’avancer.

La tête proprement dite, ou cette boëte solide qui renferme le crâne, depuis celle de l’homme jusqu’à la tête des insectes, est de forme plus ou moins régulièrement arrondie ; mais certaines parties qui y tiennent, qu’on est accoutumé à compter au nombre de celles dont elle est composée, en altèrent & en changent la forme plus ou moins. Ainsi, les mâchoires font paroître la tête des quadrupèdes alongée en avant, & celle de l’homme, au contraire, applatie ou déprimée de devant en arrière, &c. ; de même les mâchoires très-grosses & très-saillantes dans certains insectes, remplacées dans d’autres par une trompe, font paroître leur tête peu arrondie ; mais si on la dépouille des parties qui n’en sont qu’accessoires, on trouve qu’elle l’est en effet plus ou moins régulièrement dans les différens insectes, comme dans les autres animaux.

La tête des insectes a donc une forme arrondie comme celle de tous les autres animaux………Ire Parité.

Des parties qui y sont annexées en altèrent & en changent la forme au premier aspect……IIe Parité.

Elle est, dans tous les animaux & dans les insectes, formée à l’extérieur de pièces solides, larges, jointes par engrainure, &