Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/131

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rope. On en a donc fait connoître un assez grand nombre qu’on n’avoit pas encore remarqué, & ce service, qu’on a rendu à la science, nous paroît mériter la reconnoissance des savans & du public. Mais en suivant un très-bon principe, celui de ne rien négliger, de remarquer tout, de faire tout connoître, il nous paroît qu’on a souvent porté ces vues trop loin. Il ne faut pas sans doute négliger les variétés, encore moins les espèces. Mais il faut bien prendre garde de ne pas multiplier les dernières sans fondement, de donner pour espèce ce qui n’est que variété, & éviter de trop s’étendre à l’égard des dernières, dont les détails ne peuvent être épuisés. Nous regrettons donc que les auteurs aient trop multiplié les dessins, qu’ils aient établi des espèces sur des différences trop légères, & qu’ils aient donné trop d’attention à des variétés, qui souvent ne sont qu’individuelles, qu’on n’observe qu’une fois & qu’on ne rencontre plus. Il eût été à desirer qu’ils eussent distingué les variétés constantes dans chaque espèce, soit dans un même pays, soit dans des pays dont la température est différente, qu’ils se fussent bornés à dessiner ces seules variétés ; les autres méritoient au plus qu’on en dît un mot dans le texte qui sert d’explication. Mais ce défaut est une surabondance, qui, à la vérité, appauvrit plutôt qu’elle n’enrichit ; elle ne doit pas empêcher qu’on ne recherche l’ouvrage pour ce qu’il contient d’ailleurs, & en particulier pour les espèces nouvelles qu’il fait connoître ; peut-être auroit-on pu se borner à ces seules espèces, parce que l’histoire des espèces connues avoit déjà souvent été traitée, qu’on en avoit donné des figures égales au mérite de celles de M. Ernest ; mais on a voulu sans doute réunir des objets qui n’auroient été qu’épars, & que le savant & l’amateur pussent les suivre, les étudier dans un ouvrage qui les rassembleroit, & l’on a pris le vrai moyen d’atteindre à ce but.

L’explication des planches est divisée en trois paragraphes sous le nom d’état, premier, second état, état parfait, & contient la description de chaque insecte dans chacun de ces états ou de ceux par lesquels il passe ; elle présente aussi un précis de ses habitudes, & elle est suivie de la citation des auteurs qui ont traité de la même espèce. Chaque espèce a un nom. On a conservé ceux qui étoient déjà usités, & on en a donné aux espèces nouvelles. Quant à l’ordre dans lequel les insectes sont rangés, il paroît qu’on a suivi pour le fond la méthode de M. Geoffroy, à laquelle on a fait différens changemens ou additions. Il nous reste, pour donner une idée de tout ce qu’il y a de publié de l’ouvrage, de dire un mot de chaque cahier.

Le premier commence par un discours sur les insectes en général, le lecteur jugera du style, qui peut-être lui paroîtra quelquefois embarrassé & peu clair ; nous ne citerons que cette phrase :

» L’insecte en général est, des habitans de la terre, la partie la plus considérable par le nombre & la variété ».

Mais nous ne pouvons nous dispenser de prévenir le lecteur, qui ne seroit pas instruit, qu’il doit lire avec précaution le discours préliminaire sur les insectes ; par exemple, la proposition suivante induirait un commencant en erreur.

» M. le Bossu, dans ses nouveaux voyages aux Indes occidentales, rapporte des métamorphoses bien plus surprenantes encore. Un ver blanc, qui se nourrit dans les vieux arbres, & qu’il assure avoir vu ; se transformer en un arbisseau qui prend racine en terre, porte tiges, feuilles, & monte à la hauteur d’un pied : peut-être, ajoute-t-on, en est-il une infinité d’autres, dont les changemens sont aussi extraordinaires »… Rien ne nous le paroît autant que ce passage, & qu’on le trouve dans un ouvrage estimable en général, écrit dans ces dernières années, & d’après les lumières acquises depuis un demi siècle.