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QUATRIÈME DISCOURS.
De la manière d’observer, de ramasser les insectes, d’en faire une collection ;
de la faire passer d’un lieu à un autre, & de la conserver
.

LA plupart des personnes qui font des collections d’insectes se bornent à en ramasser les différentes espèces, à les préparer & les conserver chacun à sa manière. Cette occupation peut faire connoître les espèces différentes ; mais il n’en résulte aucune instruction sur l’histoire des insectes, ni en général, ni en particulier, sur leur rapport avec les autres insectes, les autres animaux & les différentes productions de la nature. Cependant ce sont ces rapports des objets les uns avec les autres, qu’il est le plus intéressant & le plus satisfaisant de connoître, & c’est à proportion qu’on les connoît mieux, en plus grand nombre, qu’on est plus avancé dans l’étude de la nature. Il ne suffit donc pas de ramasser les objets, & en particulier les insectes : ce premier soin est indispensable, mais il n’est que la première condition de l’étude qu’on doit se proposer.

Il faut encore comparer les objets entre eux, pour les distinguer, observer les habitudes des animaux, pour connoître leur histoire, & enfin les comparer avec les autres productions, pour saisir les rapports qui les rapprochent, ou les différences qui les séparent. C’est sous ces divers points de vue que je me propose de traiter de la manière de ramasser, d’observer les insectes, d’en former & d’en conserver une collection.

On peut ramasser les insectes ou dans leur état de perfection, & c’est ce qu’on fait le plus communément, ou leurs larves, leurs chrysalides & même leurs œufs ; dans ce dernier cas on élève les larves dans des boîtes, en leur fournissant ce dont elles ont besoin. Par ce moyen on obtient différens avantages : 1o. on a les insectes plus frais dans leur état de perfection ; 2o. on a plus de facilité à les observer & à suivre leur manière d’être, mais on connoît moins leur action sur les autres substances ; on est moins sûr de leurs habitudes, car la privation de la liberté doit, par rapport aux insectes, comme par rapport aux autres animaux, altérer les habitudes. Ajoutons que le nombre des insectes qu’on peut nourrir en une sorte de domesticité, est fort borné ; on ignore, ou on ne peut pas fournir aux autres ce qui leur est nécessaire. Le plus grand avantage qu’on retire du soin d’élever des insectes, est donc de les avoir mieux conservés ; mais c’est en les observant en liberté qu’on découvre mieux, qu’on connoît plus sûrement leur manière d’être, leurs rapports avec les autres productions, & qu’on parvient à rendre leur histoire plus complette. Le meilleur est donc de remarquer les lieux où les insectes se sont fixés d’eux-mêmes & de les y observer, de les suivre dans leurs différens états & dans leurs diverses manœuvres.

Cette étude des insectes demande beaucoup de tems & de patience : aussi ne la conseillons nous qu’aux personnes sédentaires, au moins pour quelque tems, dans les endroits où elles observent ; les voyageurs ne sauroient la mettre en usage que dans les lieux où ils séjournent, ou plutôt où ils se fixent pour un certain tems. Nous commencerons donc par rapporter ce qu’un observateur libre d’employer tous les momens nécessaires à suivre les insectes, nous paroît devoir se proposer, & ensuite ce que nous croyons possible au voyageur.