Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/16

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De ce que l’observateur, libre de disposer de son tems, doit se proposer en observant les insectes.

1o. Décrire la forme & la couleur de la larve ou du ver, celle de ses parties principales ; 2o. le tems où on la trouve ; depuis quelle saison jusqu’à quelle autre ; sur quelle substance, sous quel climat elle a été observée ; 3o. de quels alimens elle se nourrit ; 4o. ses habitudes & ce qui lui arrive pendant qu’elle conserve la forme de larve : ainsi se cache-t-elle, ou reste-t-elle exposée à la vue, prend-elle de la nourriture tout le jour, ou à certaines heures, &c. ? 5o. combien de fois, pendant le tems quelle garde sa première forme, change-t-elle de peau ; à quels végétaux & à quels animaux nuit-elle ; quels sont les dégâts qu’elle occasionne, & sur quels objets, sur quelles parties les exerce-t-elle ; à quelle sorte de danger & d’ennemis est-elle exposée ? 6o. Quand est elle prête de quitter la forme de larve, où se retire-t-elle, quelles sont les précautions qu’elle prend ? 7o. Au bout de combien de tems, après s’être préparée à devenir chrysalide, passe-t-elle à cet état ?

Suivre la chrysalide comme on a suivi la larve ; la décrire de la même manière ; remarquer ce qui lui arrive, comme changement de couleur, de mollesse dans ses parties, &c. ; au bout de combien de tems elle quitte sa forme, & quels dangers elle a couru pendant qu’elle l’a conservée ?

Par rapport à l’insecte parvenu à son dernier état, le décrire, remarquer la différence qu’il y a entre le mâle & la femelle ; observer les habitudes ; quelle est alors la nourriture de l’insecte ; quels dégâts & de quel genre il peut faire, quels risques il court, quels sont ses mouvemens, sa retraite ; décrire son accouplement, en remarquer la durée, observer ce qui le suit ; le mâle périt-il peu après, & au bout de combien de tems, ou bien survit-il jusqu’à la ponte de la femelle, & répand-il une liqueur sur les œufs ; en quels endroits, sur quelles substances & de quelle manière la femelle les dépose-t-elle ; en quel nombre, & quelles précautions prend-elle, soit pour les œufs, soit pour les vers qui en doivent sortir ? Quelles sont la forme, la couleur, la grosseur des œufs ; la consistance & la nature de leur enveloppe ; combien se passe-t-il de tems de la ponte à la naissance des larves ? Enfin, retire-t-on quelqu’avantage de l’insecte qu’on observe ? quel est cet avantage ? sert-il en médecine, en économie, dans les arts ; à quoi & de quelle manière ?

Qu’on n’imagine pas que les objets que nous venons de présenter, surpassent la sagacité & la patience d’un observateur intelligent & assidu, qu’on ne sauroit saisir ces objets en les suivant sur des insectes qui vivent en liberté. La preuve que cette manière d’observer est praticable, même par rapport à des insectes qui ne sont pas captifs, c’est qu’elle a été mise en usage & pratiquée dans tous ses points, par les observateurs qui ont écrit le plus utilement & le plus savamment sur les insectes ; tels entr’autres sont MM. de Réaumur & de Geer. Certainement quand ils ont fait l’histoire des Ichneumons, des Oestres, des Guêpes, des Abeilles solitaires, des Cousins, des Ephémères, &c., ils n’ont pas fait & n’ont pu faire leurs observations d’après des animaux captifs, qui n’auroient même pas vécu en captivité, ou qui n’y auroient pas pu suivre les habitudes de leur espèce. Il est donc très-possible de faire, par rapport aux insectes en liberté, les différentes observations que nous avons proposées. Nous ne prétendons même pas qu’elles soient les seules qu’on puisse faire, nous les présentons comme les plus frappantes, & nous laissons aux observateurs à suppléer, suivant les circonstances, celles que nous aurions pu obmettre.

Ce seroit, sans doute, assigner aux voyageurs une tâche impossible à remplir, que d’exiger d’eux qu’ils entrent dans tous les détails que nous venons d’exposer ; mais ils peuvent les consulter, &, suivant les circonstances, rassembler & noter le plus grand nombre de faits qu’il leur est possible. Ce-