Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/175

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égard & leur principal mérite, le seul peut-être, est d’apprendre combien de tems chaque larve demeure en chrysalide ; car pour la durée du premier état, comme Goedaert ne prend pas le plus souvent les larves au sortir de l’œuf, mais au moment où il les a trouvées, le tems qu’il les a gardées sous cette forme n’apprend pas quel est celui pendant lequel elles y demeurent en effet ; quant à la durée de la vie de l’insecte après sa sortie de la chrysalide, que conclure du tems qu’a vécu un insecte enfermé à celui que vit en liberté l’insecte de la même espèce ?

Un autre défaut des expériences de Goedaert est de renvoyer aux planches sans aucune description, ensorte qu’on ignore absolument les couleurs des insectes dont il parle, & que pour la forme en général & celle des différentes parties, on n’en peut juger que d’après des planches trop peu soignées pour donner, de ces objets, des idées précises.

Goedaert observoit en Europe, & il ne pouvoit, d’après son plan, traiter que des insectes de cette partie du continent ; c’est ce qu’il a fait, à un très-petit nombre d’exceptions près. Il écrivoit dans un tems où les méthodes n’éroient pas connues ; il n’en a pas eu l’idée, & il traite indifféremment des divers insectes comme ils se sont présentés ; il a plus observé de Papillons que d’autres insectes.

Outre les observations particulières, le premier volume en contient de fort courtes sur la nature des insectes en général & leurs changemens. On ne doit pas regretter qu’elles ne soient pas plus étendues, car elles ne présentent que les préjugés anciens qui étoient encore en vogue. J’ai dit que Goedaert induit en erreur dans plusieurs observations particulières. En voici deux exemples. En parlant du Haneton. Tome 1e., expérience 78, pag. 135. Les Hanetons vivent assez long-tems quand ils peuvent seulement, en été, trouver de la nourriture, & qu’en hiver ils puissent seulement se garantir du grand froid. Il faut remarquer qu’il parle du Haneton dans son premier état.

En traitant du Ver qui a été nommé depuis, Lion des Pucerons, Goedaert, tom. II, expér. 44, pag. 198 & suiv., attribue l’origine des Pucerons à une liqueur répandue par les Fourmis, vivifiée par le soleil, & la fréquence des Fourmis aux endroits où se tiennent les Pucerons, à l’amour des Fourmis pour eux, & au soin de les défendre contre les Vers qui en font leur pâture.

On a joint dans le premier volume, aux observations de Goedaert, des remarques d’un M. de Mey sur les généralités relatives aux insectes. C’est l’ouvrage d’un compilateur érudit qui a ramassé, extrait, & publié sous une forme nouvelle tous les préjugés, les erreurs des auteurs anciens sur l’origine des insectes, sur leurs habitudes & leurs propriétés. Tout commençant doit s’abstenir de lire ces remarques.

On voit que l’ouvrage de Goedaert offroit dans l’origine un bon plan, qu’alors même son utilité étoit médiocre par les vices de l’exécution ; & aujourd’hui que ce plan a été suivi avec beaucoup plus de fruit par un assez grand nombre d’observateurs, l’ouvrage de Goedaert est à-peu-près inutile, en même tems que la lecture en peut induire les commençans en erreur.

M. Lister, auteur anglois, publia à Londres, en 1685, les ouvrages de Goedaert avec quelques changemens. Ils consistent à avoir rangé les observations de Goedaert dans un ordre méthodique, & à avoir ajouté en note quelques observations à celles de Goedaert. Cet ouvrage de format in-8o. est écrit en latin, & intitulé, Joannes Goedartius de insectis in methodum redactus cum notularum additione. Operâ M. Lister, è regiâ societate Londinensi.