Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/177

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les autres couleurs, ajoute M. Harris, dépendent du mélange différemment proportionné de ces trois couleurs primitives. Nous laissons aux artistes à prononcer sur cette assertion de M. Harris, qui nous paroît pouvoir souffrir quelques objections. Je continue de rendre compte du tableau. Les soixante-douze quarrés dont il est composé sont chacun d’une couleur ou d’une teinte différente, & chacun est marqué d’un numéro relatif à une table qui indique le nom de la couleur de chaque quarré.

L’idée de ce tableau est certainement ingénieuse, l’exécution en est utile pour la description des insectes, & particulièrement pour celle des Papillons. Mais pour tirer de ce tableau tout le profit qu’il promet, il faudroit que les couleurs employées pour sa composition ne fussent pas sujettes à changer. C’est ce dont on peut se flatter, sur-tout dans le genre de l’enluminure ? D’un autre côté, plusieurs personnes ne seront-elles pas embarrassées à distinguer les nuances qui se rapprochent, se confondent presque, & ne sont distinctes qu’aux yeux de l’artiste comme l’est M. Harris. S’il m’est donc permis de dire mon sentiment sur le tableau des couleurs, je le crois utile dans le principe, je pense qu’un pareil tableau en tête des ouvrages enluminés, s’il étoit bien fait, si on y avoit employé les couleurs les moins changeantes, & si on n’y avoit distingué que les nuances les plus frappantes, seroit très propre à fournir une gamme qui pourroit devenir générale, & qui faciliteroit beaucoup les descriptions, qui les rendroit plus claires, plus précises, & fixeroit l’idée, si souvent indéterminée, des expressions qu’on y emploie. On doit donc à M. Harris une idée dont l’exécution corrigée deviendroit fort avantageuse. Je soumets au reste ces réflexions aux artistes, à qui il appartient particulièrement d’en juger, & le tableau qui pourroit être exécuté devroit l’être par leurs conseils réunis aux lumières du naturaliste qui entreprendroit de le faire exécuter. Le reste du volume contient cinquante planches de la plus belle exécution & de la plus conforme aux objets qu’elles représentent ; ce sont des insectes de différens genres, qui se trouvent en Angleterre, & souvent avec l’insecte parfait, la larve & sa chrysalide. Rien de plus fini dans son genre que cette partie de l’ouvrage ; mais les figures sont relatives à une description qui n’est que la répétition de ce que la planche offre à la vue, exprimée par des mots, à la vérité propres à leur objet, & qui fixent l’attention sur chaque partie en particulier. Ainsi celui qui examine chaque planche ne verroit souvent que l’ensemble de l’objet, & la description fixe son attention sur chaque partie, ce qui la rend utile. Mais d’ailleurs on ne trouve point la partie historique des insectes, comme le titre l’annonce ; M. Harris suit les divisions générales, admises par la plupart des auteurs, & il rapporte, en tête de chaque division, les caractères qui la distinguent ; il commence par les Lépidoptères ou Papillons, & il entre dans la division des classes en ordres, donc il rapporte aussi les caractères. Nous n’entreprendrons pas d’analyser sa méthode, qui ne nous a paru ni lumineuse, ni fondée sur des principes assez stables ; d’ailleurs M. Harris semble souvent la négliger lui-même, puisque parmi les planches appartenantes à une des grandes divisions générales, on en trouve de relatives à des ordres d’autres divisions. Mais ce qui est particulier à M. Harris, c’est qu’il distingue dans chaque ordre les mâles & les femelles par des caractères propres à chaque sexe. Cependant ces caractères n’étant pas toujours aussi faciles à saisir que ceux que fournit l’anus en le comprimant, il semble qu’il vaut mieux se borner à cette méthode simple, aisée, généralement adoptée de distinguer les mâles & les femelles. Enfin, M. Harris détermine la grandeur de chaque insecte.

Le second ouvrage du même auteur est intitulé, Histoire naturelle des insectes anglois, nommément les Phalènes & Papillons avec les plantes sur lesquelles ils se nourrissent,