Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MOUFET.

Moufet, auteur anglois, publia à Londres en 1634 un volume in-4o. sur les insectes, écrit en latin, avec des planches ; il le fit paroître sous le titre suivant :

Insectorum sive minimorum animalium theatrum olim ab Edoardo Wottono, Conrardo Gesnero, Thomaque Pennio inchoatum tandem Tho. Moufeti opera concinnatum, auctum perfectum : & ad vivum expressis iconibus quingentis illustratum.

On ne connoissoit pas encore, en histoire naturelle, les méthodes ou systêmes ; Moufet n’en fait point, son ouvrage est partagé en deux livres ; le premier est divisé en 29 chapitres, le second 42. Il traite des insectes sans aucun ordre, établi d’après des principes, mais purement arbitraire. Le premier livre renferme l’histoire des Abeilles, celle des Guêpes, des Bourdons, des Mouches, des Cousins, des Papillons, des Scarabés, &c. Le second livre commence par l’histoire des Chenilles, en particulier par celle des Vers à soie, & l’auteur continue de s’occuper des Chenilles qu’il divise en rases & en velues ; il parle, dans la suite, du livre de différens insectes.

Moufet traite l’histoire des insectes avec beaucoup de détails & d’érudition. Il recherche l’étimologie des noms, il rapporte la manière de vivre des insectes, les torts qu’ils font, les moyens qu’on connoissoit de son tems pour prévenir ces torts, les avantages qu’on tire des insectes en médecine & en économie ; mais Moufet montre plus d’érudition que de véritable savoir & de critique ; il cite les opinions des anciens sur la production des insectes, sur les biens & les maux qu’ils leur attribuoient, sans réfuter leurs erreurs & leurs préjugés : il paroît avoir lu beaucoup & observé peu. La partie historique est accompagnée de figures grossières, incorrectes, à peine reconnoissables, qui ne le seroient souvent pas sans le secours du nom qui est à côté, & qui donnent de l’objet représenté une idée fausse & incomplette. Plusieurs des noms cités par Moufet, d’après les anciens, sont aujourd’hui inusités, & l’on est fort embarrassé de savoir à quels insectes les rapporter.

Les articles sur lesquels Moufet s’est le plus étendu sont, dans le premier livre, l’histoire des Abeilles, celle des Guêpes & des Bourdons ; dans le second livre, l’histoire du Ver à soie, celle des Araignées, celle des Vers qu’il distingue en Vers des minéraux, des végétaux, & des animaux ; mais il est très mal aisé de savoir ce qu’il entend par Vers des minéraux, il ne dit sur cet objet que des généralités qui ne répandent aucun jour sur cette matière : à l’égard de la plupart des Vers qu’il nomme Vers des végétaux, ce sont des larves de différens insectes ; & par rapport aux vers des animaux, il confond tellement les objets, qu’il met les Poux en tête de cette section, qu’il y comprend les teignes des Pelleteries, & que ce n’est qu’à la suite de l’histoire de ces insectes, qu’il parle des Vers qui vivent dans les intestins des animaux, tels que les Lombrics, le Tænia, &c. Il parle fort au long de la génération, des signes, de la présence de ces Vers, des remèdes employés ou conseillés par différens auteurs pour leur expulsion, mais toujours à sa manière, avec beaucoup d’érudition, de propention à tout croire, & point de discernement ni de critique.

L’ouvrage de Moufet est donc respecté & cité à cause de son antiquité, de l’érudition dont il est rempli, mais il n’apprend à ceux qui sont instruits que des citations qui leur évitent la peine de rechercher les sources, & souvent l’envie d’y puiser ; mais ceux qui n’ont pas assez de lumière courroient beaucoup de risque, en lisant l’ouvrage de Moufer, de ne recueillir que des préjugés & des erreurs, au lieu des connoissances qu’ils chercheroient. C’est un moment qu’il me semble, tems de