Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/195

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Après avoir rendu à M. de Réaumur la justice que je crois qui lui est due, je ne dissimulerai pas qu’il n’est pas heureux dans la manière de classer ses insectes ; qu’il établit un trop grand nombre de divisions & de sous-divisions, ce qui revient, par un excès opposé, au même que de ne point admettre de méthode ; que les caractères qu’il emploie ne sont ni assez précis, ni assez constans, ni présentés dans un ordre assez clair. Quant à la partie anatomique, M. de Réaumur a peu ajouté à ce qu’on connoissoit avant lui, & par rapport à la partie historique dans laquelle il a le plus avancé les connoissances, on lui a reproché des détails trop minutieux, en général trop de prolixité dans les différentes parties. Les détails suivans acheveront de faire connoître un ouvrage utile, dont la lecture est indispensable à tous ceux qui s’appliquent à l’étude & à l’histoire des insectes en prenant cette étude dans toute son étendue, dont les défauts tiennent au tems ou cet ouvrage a été écrit, & au style trop diffus de l’auteur.

Le premier volume contient quatorze mémoires. On trouve dans le premier, le plan de l’ouvrage en général.

Le Second mémoire a pour objet les Chenilles en général, & leur division en classes & en genres. L’auteur les divise en sept classes, dont il tire les caractères du nombre & de l’arrangement des jambes intermédiaires, c’est-à-dire, de celles qui sont situées entre les six jambes écailleuses, & les deux jambes postérieures.

La première classe comprend les Chenilles à huit jambes intermédiaires, ou seize jambes en tout. C’est la classe la plus nombreuse dans ce pays-ci.

La seconde & la troisième, celles qui ont quatorze jambes ; mais la seconde est composée des Chenilles qui n’ont pas de jambes, au quatrième, cinquième, ni au sixième, dixième & onzième anneau ; la troisième de celles qui ont le quatrième & le cinquième anneau dépourvus de jambes, & qui en ont au sixième, septième & huitième, mais qui n’en ont pas sur le neuvième, dixième & onzième.

La quatrième classe est encore composée de Chenilles à quatorze jambes, rangées comme dans les Chenilles de la première classe ; mais elles manquent des deux jambes postérieures.

La cinquième classe contient les Chenilles qui n’ont que quatre jambes intermédiaires ; douze en tout.

La sixième, celles qui n’en ont que deux intermédiaires, dix en tout, & la septième celles à qui toutes les jambes intermédiaires manquent, qui n’ont que huit jambes.

M. de Réaumur observe ensuite que parmi les Teignes un grand nombre a six jambes écailleuses, & deux jambes postérieures qui ne sont que de simples crochets ; ces teignes appartiennent à la septième classe des Chenilles ; d’autres Teignes ont huit jambes intermédiaires, mais si courtes qu’on ne les reconnoît qu’à l’aide de la louppe ; celles-là sont de la première classe des Chenilles. Notre auteur, après cette première observation, examine s’il convient de laisser au nombre des Chenilles, les larves qui ont moins de huit jambes, & celles qui en ont plus de seize & qui ressemblent d’ailleurs aux Chenilles par la conformation générale ; il pense qu’on doit les exclure de la classe des Chenilles, & la raison qu’il en donne, est que ces larves ne se changent pas en papillons, mais en des insectes d’un autre genre. Cette remarque que M. de Réaumur n’avoit osé regarder de son tems comme générale, a été confirmée par l’expérience de ceux qui ont suivi les mêmes observations, & l’on paroît fondé à ne regarder, avec M. de Réaumur, comme Chenilles, que les larves qui ont au moins huit jambes, & celles qui en ont au plus seize.