Page:Encyclopédie méthodique - Histoire naturelle, 5, Insectes 2, A-Bom, T4.djvu/20

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tera gonflée, vous la laisserez sécher, & vous aurez la larve assez conservée pour la forme, cependant toujours un peu boursoufflée & trop grosse ; mais le pis est que les couleurs s’altéreront, & que bien peu conserveront leurs nuances véritables. Mais jusqu’à présent l’on ne connoît rien de mieux que les méthodes que je viens de décrire. Cependant les larves & les chrysalides, conservées par ces mêmes moyens, ne peuvent donner qu’une idée incomplette, souvent fausse, de l’animal qu’on a eu intention de conserver avec toutes les qualités qui lui étoient propres. Ces méthodes sont donc insuffisantes, elles peuvent, jusqu’à un certain point, satisfaire la curiosité, mais elles ne sauroient dispenser de faire la description des larves & des chrysalides ; c’est la seule manière d’en conserver une idée conforme au vrai, & d’en donner une exacte à ceux qui ne les ont pas observées vivantes.

Nous avons vu qu’on peut élever & même envoyer des larves ; on peut encore plus aisément pratiquer l’un & l’autre par rapport aux chrysalides ; pour les conserver & les envoyer, de manière que leur changement ait lieu en son tems, il suffit de les enfermer dans une boîte, où, autant qu’il se pourra, elles soient dans les mêmes circonstances où on les a trouvées, & où elles seroient demeurées ; ainsi les a-t-on trouvées en terre, dans des trous, dans du bois, dans de la vermoulure de bois, dans un lieu frais & ombragé, &c. ou suspendues à des plantes, à un corps quelconque, exposées à l’action de l’air & du soleil, &c. remplissez la boîte d’une certaine quantité de terre, & placez les chrysalides dans cette terre, mettez-les dans la boîte, contenues dans les mêmes trous de branches, ou la même vermoulure dans laquelle vous les avez trouvées ; &c. conservez la boîte dans un lieu frais & ombragé, ou laissez-la exposée à l’air & au soleil ; couverte seulement d’une gase qui arrête l’insecte au moment où il se sera tiré de son enveloppe ; la chrysalide tenoit à une branche, une plante, &c. posez la portion de la branche de la plante qui supporte la chrysalide, dans votre boîte.

Une attention qu’il faut avoir, c’est que les chrysalides attachées d’une manière fixe à un corps quelconque, ou les coques qui contiennent les chrysalides & qui étoient également fixées, le soient aussi dans la boîte ; ainsi colez le support de la chrysalide, le bout de branche, le brin d’herbe qui la soutient, ou la coque, au fond de la boîte, par le moyen d’un peu de gomme arabique, fondue dans de l’eau ; il suffit de fixer ces objets par un point ; sans cette attention, l’insecte, en sortant de l’enveloppe de chrysalide, traîneroit avec lui cette enveloppe, n’en pourroit tirer ses membres, & demeureroit dans un état très-imparfait ; il lui faut, pour se dégager, éprouver de la résistance de la part de son enveloppe, qu’elle ne suive pas ses mouvemens ; vous retirez bien votre main du gant, dont le bout des doigts est retenu par votre autre main, mais si le gant suivoit la main qu’on tend à retirer, s’il n’étoit pas fixe, on ne pourroit en dégager la main. Faute de la précaution de fixer les chrysalides, on les voit périr au moment où l’on croyoit jouir de leur produit.

Il en est des chrysalides, pour les envoyer d’un lieu en un autre, comme des larves ; on ne peut envoyer que celles qui ne changent qu’au bout d’un tems assez long, pour que la métamorphose n’arrive qu’après le voyage ; mais beaucoup d’infectes sonr dans ce cas, & alors l’envoi des chrysalides est un excellent moyen 1o. pour qu’on ait des insectes bien conservés ; 2o. pour envoyer & multiplier, dans le lieu de l’envoi, les espèces dont la propagation pourroit être utile. Qu’on n’oublie donc pas, si l’on a ce dernier objet en vue, en envoyant les chrysalides, de faire connoître la nourriture des insectes qui en sortiront, & des larves qui naîtront de ces insectes.