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l’épingle par la tête, & on la pique dans la boîte, comme il sera dit.

On a, depuis M. de Réaumur imaginé un autre filet ; celui-ci ressemble à un fer à friser ; il est fait exactement de même, & il n’en diffère qu’en ce qu’il est beaucoup plus grand, que la tête du fer, au lieu d’être pleine, est formée par deux anneaux de fil de fer ; ces anneaux sont remplis par un filet attaché autour de leur bord ; le reste de l’instrument est tout en gros fil de fer avec une poignée double comme le fer à friser ; on lui donne ordinairement environ un pied & demi à deux pieds de longueur, & aux anneaux qui supportent les filets quatre à cinq pouces de diamètre. Ce genre de filet convient assez pour prendre des insectes au vol, & on peut aussi s’en servir pour ceux qui sont posés, en prenant entre les deux filets la branche ou la tige en même-tems que l’insecte qui y est posé ; il faut ensuite le percer nécessairement avec une épingle, & n’ouvrir le filet qu’après.

De la nappe & des pinces.

La nappe est un morceau de toile ou d’étoffe qu’une personne soutient étendu & un peu déprimé dans son milieu au-dessous de la cîme d’un arbre ou de touffes de plantes ; une autre personne secoue l’arbre, en bat les branches avec un bâton, on en fait autant par rapport aux plantes. Il tombe de cette façon un grand nombre d’insectes sur la nappe, mais de ceux seulement qui ne sauroient fuir en volant ; on les réunit au centre de la toile en la pliant à demi, & on les prend facilement.

Quelques personnes se servent d’un filet semblable au premier, mais de toile, au lieu d’être de réseau ; elles raclent rapidement avec cette sorte de poche la sommité des branches ou celle des plantes en fleur, & elles trouvent grand nombre d’insectes pris dans la poche. Elles les y cherchent ou avec la main, ou elles secouent la poche sur la nappe étendue à terre.

Les pinces servent à saisir les insectes qu’on pourroit écraser entre ses doigts, ceux qui sont fort petits ; elles sont de cuivre, fort douces, & celles que les metteurs-en-œuvre appellent des bruxelles. Tandis qu’on tient l’insecte par la pointe de la pince qui n’empêche pas de le voir, au lieu qu’il seroit caché entre les doigts, on le pique avec une épingle. Les pinces servent encore à fouiller dans les trous des arbres creux, à écarter le bois vermoulu, &c. Mais leur principal usage est pour manier les insectes morts, étendre leurs différentes parties, comme nous l’exposerons.

De la boîte & des épingles.

Il faut avoir deux sortes de boîtes qui ne diffèrent cependant que de volume. L’une sert pour placer les insectes à la campagne à mesure qu’on les prend, l’autre pour en conserver la suite jusqu’à ce qu’on la mette en ordre, ou qu’on l’envoie d’un pays dans un autre.

L’une & l’autre boîtes doivent être ou d’un fort carton on d’un bois léger, avoir un couvercle qui ferme exactement ; le fond doit nécessairement être d’une matière que les épingles pénètrent aisément, & dans laquelle cependant elles tiennent solidement une fois qu’elles y font engagées : on satisfait à ces deux conditions en couvrant le fond de la boîte d’une table de liége bien unie, qu’on a eu soin d’y fixer solidement, ou, au lieu de liége, en couvrant le fond de la boîte d’une couche de cire jaune qu’on a coulée étant fondue, & à laquelle on a donné un pouce d’épaisseur au moins.

Il faut proportionner les épingles à la grosseur des insectes ; ainsi il faut en avoir une pelotte garnie d’échantillons différens ; je dis une pelotte, parce que dans un étui le tout est mêlé, & souvent trop long