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ramasser les insectes, de les passer de la boîte de chasse dans les boîtes destinées à conserver la collection. J’ajouterai, par rapport à ces boîtes, & sur-tout en faveur des voyageurs, qu’il est très-commode, & que c’est une bonne pratique de les composer de corps de tiroirs, ou posés les uns sur les autres, ou à coulisse, enfermées dans une armoire qui contienne tous les tiroirs & qui soit parfaitement close.

Il est inutile d’ajouter ici qu’il faut, en ramassant les insectes dans leur état de perfection, tenir pour chacun, comme pour les larves, les chrysalides, une note des faits qui composent leur histoire. Mais il ne sera pas superflu de dire que chaque note peut être écrite sur un cayer avec un numéro en tête, & ce numéro écrit sur un morceau de carte piquée au-dessous de chaque insecte. C’est ce qu’il faut aussi pratiquer pour les larves & les chrysalides, & indiquer le numéro qui les désigne à l’endroit de la note pour l’insecte parfait.

La méthode de piquer les insectes est sans contredit la meilleure ; c’est celle qui est généralement pratiquée : mais il peut y avoir des cas, sur-tout en voyage, où l’on n’en puisse pas faire usage. Il est donc nécessaire alors de recourir à d’autres moyens.

Un voyageur, pressé dans sa route, peut se contenter de porter sur lui un flacon de verre fort & épais, à demi-plein d’esprit de vin ou d’eau de-vie, même de tafia ou autre liqueur spiritueuse, suivant qu’on en trouve dans le pays ; il jette dans ce flacon tous les insectes à étui, même ceux à aîles nues, excepté les Papillons : les insectes périssent fort vîte, & leurs couleurs ni leur forme ne font altérées, si on a l’attention, dans les lieux de séjour, de renouveller la liqueur aussi tôt qu’elle devient trouble. On peut, lorsqu’on a du loisir, ou retirer les insectes du flacon, les piquer & les traiter comme les insectes qu’on a piqués vivans, ou on peut les laisser dans le flacon, en avoir même un plus grand qui serve de magasin ; mais il faut ne jamais perdre de vue qu’il est nécessaire de changer la liqueur toutes les fois qu’elle se trouble. Faute de cette attention, les couleurs s’altèrent, la putréfaction se met dans la masse des insectes, & leur corps putréfié tombe par pièces qui se séparent : on ne sauroit mettre les Papillons dans un bocal, ni même les gros insectes à étui, qui n’y pourraient entrer. Il faut donc, si l’on ne peut les piquer, étouffer les Papillons en les prenant, ce qu’on exécute en leur pinçant le corceler en dessous, & en l’écrasant latéralement avec la pointe des pinces qu’il faut porter sur soi en tout tems. Le Papillon étant mort ou très-affoibli, on l’enferme, les aîles étendues, entre deux feuillets d’un livre, d’un registre, ou entre deux feuilles de papier dont on replie les bords. Quant aux insectes à étui qu’on ne peut faire entrer dans le flacon, il faut les enfermer dans une boîte & y jetter beaucoup de tabac, substance dont on ne manque guère, dont l’odeur les engourdit & même les tue. Ces moyens ne conviennent que dans les cas de nécessité, hors desquels la méthode de piquer les insectes doit toujours être préférée.

De la manière d’envoyer la collection qu’on a formée.

On peut envoyer la collection dans les mêmes boîtes où on l’a rassemblée, ou on peut y employer une ou plusieurs boîtes spécialement destinées à cet usage : il est avantageux pour ménager le local, de se servir d’une boëte composée d’un corps de tiroirs réunis par un fond, un dessus, & des côtés qui ferment bien, qui n’ait qu’une face qui s’ouvre, nous en avons parlé plus haut.

De quelque boîte qu’on se serve, le fond doit en être ou de liége, ou couvert d’une couche épaisse de cire, & la boîte doit fermer bien exactement. Il faut, en y plaçant